jeudi, mai 29, 2008

Un oiseau dans le miroir

La vérité est parfois triste à entendre. Il faut se résoudre à l'évidence, seul et sans armes. J'ai dépassé la trentaine et le destin d'Alexandre ne m'est pas promis. Je ne suis ni mort, ni célèbre, c'est à peine si une modeste centaine de personnes ont entendu parler de moi.

Il est donc emminement probable que personne ne ce soit donné la peine d'écrire ma biographie. Il faut dire, que le lecteur potentiel n'y trouverait qu'ennui et bâillements. Et pourtant, dans le cadre d'un appel à texte, j'en ai besoin. Soit ! On est finalement jamais mieux servi que par soi même. Alors pour remplumer mon petit ego maladif, je vais m'y mettre. Et comme l'exercice de style qui m'est demandé est relatif à l'écriture, je vais l'orienter dans ce sens.


Il semblerait que trente et une bougies, cela ne soit pas suffisant pour attraper dans les filets de la morne réalité le sourire d'un gamin rêveur. Ma vie jusqu'ici a suivi les courants soufflés par l'opportunité et le besoin si tant est qu'elle ne présente à première vue que peu d'intérêt. Sauf que je suis un super héros. Bon, je sais bien que le manuel des super héros nous apprend dès la première page qu'il ne faut surtout pas révéler notre double vie. Mais tant que nous sommes entre nous, je suppose que je peux faire une incartade au règlement.

Le jour, je sers la science et c'est ma joie. Enfin tant que mon employeur en reste persuadé ça m'arrange. Parce que pour tout vous dire, je perçois plus mon travail comme alimentaire. Il ne s'agit pas de jouer à l'alchimiste en versant des substances colorées pour faire réagir des éprouvettes obscures ni même d'arborer la blouse du savant fou pour changer le monde avec des inventions géniales. Non, ma science sans conscience s'occupe plutôt de caresser des rongeurs en plastique et de psalmodier des incantations sur la surface vitrée d'une boite rétro éclairée par des milliers d'électrons. Enfin bref, si mon titre honorifique de docteur me donne l'illusion de la gloire, force m'est de constater que mes collègues n'en tiennent pas compte. Et que ma vie au sein de cette grande entreprise de télécommunication colorée semble bien terne.

La nuit, je laisse tomber le masque du scientifique froid et sérieux pour revêtir mon collant multicolore et ma cape de super héros de l'imaginaire. J'ai longtemps sauvé le monde dans des univers pixellisés ou bien en lançant des dés aux dimensions non euclidiennes pour tracer ma route au milieu des donjons et des dragons. J'ai beaucoup trop lu pour rester sain d'esprit. Voici qu'aujourd'hui, je caresse l'espoir de faire chanter la plume. Après tout l'écriture offre une commodité remarquable, c'est beaucoup plus facile de sauver le monde quand c'est vous qui l'avez créé.

D'où ma modeste contribution du jour.

jeudi, mai 15, 2008

Une traversée de l'été en quelques lignes chrono !

Un oiseau de passage express pour commenter La traversée de l'été de Truman Capote. Acheté à la va vite dans le rayon littérature anorexique d'un supermarché de seconde zone, vite lu et certainement vite oublié.

Ca faisait longtemps que je voulais lire cet auteur et lorsque j'ai trouvé un petit opus de 150 pages, je me suis empressé de le prendre. Il m'aura duré deux jours, pressé que j'étais de m'en débarrasser.

Il faut dire que le thème central frise déjà le cliché , les amours contrariées et banales d'une riche héritière et d'un modeste employé de parking durant un été caniculaire dans le New York du début des années 40. Il ne se passe rien de bien palpitant, et de grande ellipses rendent le suivi de l'intrique chaotique.

Certes, ici où là traînent des métaphores ou des images évocatrice, certes le style est parfois admirable. Mais bon c'est bien peu.

La seule chose intéressante de se livre c'est son histoire, comment il avait été refusé par l'éditeur il y a bien longtemps et retrouvé par hasard il y a tout juste quelques années lors d'une vente aux enchères.

Après réflexion, je n'ai rien d'autre à en dire. Il faudra que je me fasse un avis sur le célébrissime Truman Capote avec autre chose et ne pas le juger à ce seul roman de jeunesse assez quelconque.


Un oiseau déjà reparti


mardi, mai 13, 2008

Harry et Millénium au pays des meilleurs vendeurs...

La sagesse populaire vante les mérites des petits ruisseaux qui forment les grandes rivières. Mais j'ai peur qu'avec cette modeste revue de lecture, le filet de ma voix se dilue complètement dans le fleuve des critiques littéraires. Car tout a été dit ou presque je pense sur les deux livres que je m'apprête à commenter. Quelques heures à peine après leurs mise en vente, c'était déjà des best-sellers.

Mais bon pour m'appuyer sur la béquille de la mémoire qu'est ce petit journal, je vais quand même présenter mon avis.


Harry Potter et les reliques de la mort, tel est le titre du dernier livre de J. K. Rowling, dernier opus des aventures du collégien le plus célèbre au monde. J'avoue que si les sirènes publicitaires ne m'ont pas attrapées dans leurs filets, plus d'un an après la parution du livre, j'ai commencé la lecture avec une certaine impatience, et de grandes espérances.

Cette saga m'avait vraiment parue enfantine et caricaturale à l'extrême au début, ne méritant pas du tout l'immense succès qu'elle avait obtenue. Petit à petit, malgré son côté manichéen et simpliste, je m'était attaché à cet univers qui, au fur et à mesure des romans devenait plus sombre, plus mature. La promesse d'une lecture qui grandissait avec ses lecteurs semblait tenue.

Que d'attente donc pour la conclusion d'une telle oeuvre. Le grand méchant définitivement de retour, les prémisses d'une gigantesque guerre, la disparition de l'un des personnages principaux. Et pour faire court, ces ambitions définitivement clouées au pilori de la médiocrité commerciale. J'ai plus l'impression que l'auteur a rédigé son livre sous la pression publique et commerciale que sous l'emprise d'une quelconque inspiration. Les muses devaient être en grève.

Le rythme tout d'abord, il est définitivement raté, oscillant entre de grandes périodes ou il ne se passe rien et des catastrophes impromptues résolues à la va vite. Si c'est pour faire monter l'angoisse, bof. Supporter 200 pages d'adolescents qui font du camping n'a rien de bien excitant.

L'intrigue ensuite, elle est plate. L'objectif des protagonistes étant de trouver une collection d'objets magiques les horcruxes. A cette première quête, digne d'un mauvais jeu vidéo des années 80 se greffe de manière absurde la quête secondaire des fameuses reliques de la mort. D'autres objets magiques qui au final n'ont qu'un rôle minimal et une inutilité absolue. Chaque objet constitue une énigme à résoudre. Une énigme inintéressante et résolue par une succession d'intervention quasi divine. D'ailleurs lorsque les personnages sont en danger, ils sont également sauvés par un malheureux deus ex machina.

Pendant ce temps là, tandis que les personnages principaux jouent aux joyeux campeurs, le reste du monde s'enfonce dans l'horreur. Les sombres magiciens alliés du seigneur des ténèbres ont les moyens de dominer le monde des simples mortels et la situation des moldus ou des magiciens de sang mêlé ressemble singulièrement à celle des juifs lors du début de la deuxième guerre mondiale. C'est un autre problème du livre, l'ambiance. On s'ennuie germe, le côté Disney de le romancière l'empêche de distiller correctement la noirceur de la situation. Quelle dommage avec cette toile de fond dramatique. Pendant ce temps là, le grand méchant joue au globe trotter. C'est une menace tellement lointaine que le lecteur s'en désintéresse totalement. Même lorsque les amis des héros sont touchés, le lecteur ne parvient pas à s'en émouvoir.

Enfin bref, pour ne pas dévoiler la fin du livre, je n'en dirais pas plus. Tout est que le final est loin d'être à la hauteur des dix ans qu'il aura fallu pour l'écrire.

Pour ne pas trop noircir le tableau, je me contenterais de finir sur une note positive. Au travers de cette saga, Harry Potter m'a convaincu d'une chose, la magie existe. Il suffit d'y croire pour que le temps d'une lecture on se retrouve projeté dans un monde imaginaire créé par les sortilèges de quelques grammes d'encre.


Je ne m'étendrais pas trop sur le deuxième livre, car c'est le premier tome d'une trilogie dont je ne lirait certainement jamais la suite. Il s'agit de Millenium de Stieg Larsson. Une série suédoise qui aura fait couler beaucoup d'encre. J'ai donc lu le premier tome Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, quelle déception.

C'est vrai que c'est un bon polar avec une chouette intrigue, même si celle-ci met du temps à s'installer. Un excentrique milliardaire qui embauche un journaliste économique en disgrâce pour enquêter sur une disparition mystérieuse survenue quarante ans plus tôt. Une étrange jeune femme au passé obscur viendra l'assister dans son travail d'investigation sur l'une des plus puissantes familles industrielle de suède.

Les personnages, sans être exceptionnels sont intéressants et détaillés. Le contexte est crédible enfin bref, tout pour faire une bonne histoire.

Mais voilà tout le problème, c'est affreusement mal écrit et probablement mal traduit. Par exemple la familiarité dans les discours est désagréable. Effet de la traduction ou bien différence avec la culture suédoise ? L'auteur ne sait pas décrire un paysage ou une situation, il ne sait que présenter l'action. Il n'y a aucun effort dans l'écriture, aucune preuve de style. Enfin bref ce livre ne me fait pas rêver, ne titille pas mon imaginaire.

Ce se lit très bien, ça captive l'intérêt du lecture mais ce n'est au final qu'un roman de gare qui est bien loin de mériter son succès.


Voilà tout pour aujourd'hui.


Un oiseau effaré devant les goûts étranges des masses consuméristes