samedi, août 19, 2017

Un oiseau hanté

Dans la famille Andersen, je demande le grand-père. Un type pas très causant parti de sa Norvège natale dans les années quarante. Est-ce qu’il a trouvé une vie meilleure en Amérique ? Pas vraiment, car il a ramené ses démons avec lui. Les fantômes du vieux pays comme il les appelle.
Dans la famille Andersen, je voudrais aussi la mère. Une fille un peu névrosée née dans le Midwest des années cinquante. Elle rêve de poésie et d’art, une gamine brillante qui dénote un peu au milieu de l’Amérique profonde. Un signe particulier ? Elle abandonne sa famille et disparait alors que son fils peine à rentrer dans l’adolescence.
Enfin dans la famille Andersen, je voudrais le fils. Samuel, notre narrateur principal. Pas vraiment un héro, plutôt le genre à rater sa vie. Il a failli trouver le grand amour, il a failli devenir un écrivain célèbre. Il aura surtout failli.
Samuel ne s’est probablement jamais remis de la disparition de sa mère à 11 ans. Alors quand celle-ci réapparait soudainement au début du roman en agressant publiquement le futur candidat aux élections présidentielles, notre narrateur essaie d’ignorer l’évènement. Malheureusement pour lui, les évènements vont le rattraper et lui forcer la main. Ils sont rancuniers les fantômes scandinaves.
Avec Les fantômes du vieux pays, Nathan Hill nous dresse une saga familiale avec ses secrets, ses traumatismes et ses mensonges. L’Amérique, ce nouveau pays apporte aussi son lot de fantômes pour compléter la toile de fond. Des manifestations étudiantes pour la fin de la guerre au Vietnam réprimées dans le sang à la crise financière des subprimes  en passant par la guerre du Golfe ou les conséquences du 11 septembre, le roman étale un demi siècle de l’histoire des Etats Unis.
Le livre est divisé en dix chapitres. Chacun de plonge dans l’une des trois périodes clefs de l’histoire.
 • Tout d’abord le temps ‘présent’, 2011. Le narrateur devenu adulte vit une situation professionnelle compliquée et l’agression du sénateur Packer le forcera à se plonger dans son histoire.
 • En 1988, le narrateur ne le sait pas encore mais il vit sa dernière année avec sa mère. Il quitte l’enfance fait des rencontres qui le marqueront à vie.
 • Il y a enfin l’année 1968, la mère du narrateur termine son année au lycée et s’apprête à partir pour Chicago et rentrer à l’université.
En dehors de la famille Andersen, on trouve des personnages  forts et marquants. Difficile d’en dire plus sur l’intrique sans gâcher le plaisir du lecteur.

Pour un premier roman, je n’ose parler de chef d’œuvre. La postérité donnera son jugement bien plus tard. Par contre Nathan Hill nous a pondu un véritable page-turner comme on les appelle. Ce livre est comme un bol de cacahouètes, à chaque fois on en reprend ‘juste pour quelques pages’. Et puis soudain, le Nix saute au dessus de la falaise vers les flots déchainés et les rochers. Les 700 pages n’étaient plus que souvenirs me laissant avec un furieux sentiment de manque.
Ce livre aura très bien marché pour moi. Car à quelques mois près, j’ai l’âge du narrateur et de l’auteur. Dans le deuxième chapitre, j’ai retrouvé un peu du souffle de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, un récit de l’enfance. Les références, notamment aux années quatre vingt ont baigné ma propre adolescence.

Pour conclure, je dois remercier les éditions Gallimard et Babelio qui m’ont donné l’occasion de découvrir une histoire captivante et ambitieuse ainsi qu’un nouvel auteur à suivre.

PS : Puisque la critique est facile, je vais essayer de cracher un peu de venin.
Même si j’ai beaucoup aimé ce livre, il y a quelques faiblesses qui ont parfois gâché mon plaisir. La plus grosse critique que je pourrais formuler concerne le caractère du narrateur et de sa mère. Ce sont les victimes des évènements et des agissements des autres personnages. Ils sont si peu acteurs de leurs propre vie que l’on en vient à se dire qu’ils méritent leurs malheurs.  Cela se ressent le plus dans les dialogues. Les autres parlent et agissent, le narrateur écoute et subit.
La fin aussi est perfectible, l’auteur conclu toutes ses intrigues de manière assez scolaire. Un peu comme s’il s’agissait de terminer pour terminer. Quel dommage que le dernier point soit si final…

mercredi, février 24, 2016

Les oiseaux chantent aussi sur les terres alternatives

Il y a des noms comme ça, qui nous font perdre la raison. Tout comme les groupies qui sillonnent le monde à la poursuite d’un beau chanteur, il y en a d’autres comme moi, plus casaniers, qui préfèrent les héros de papier. En flânant dans les allées multicolores de mon dealer de lectures, je suis tombé dessus. La couverture ne payait pas de mines mais il y avait le nom d’un ensorceleur dessus, Terry Pratchett. Il avait écrit un livre en collaboration avec un certain Stephen Baxter : « La longue terre ». Le titre ne m’aurait pas interpelé s’il n’y avait le nom du maitre du burlesque, sorti de sa caverne confortable du disque monde. Je me rappelle une autre collaboration de Sir Terry Pratchett. En compagnie de Neil Gaiman, ils avaient commis l’excellentissime « De bons présages ». Je suis d’habitude septique envers les œuvres collaboratives. Sauf que voilà, Terry Pratchett transforme tout ce qu’il touche en bijou loufoque, subtil alliage de rêve et de poésie. Alors sans plus y réfléchir, ni même jeter un œil à la quatrième de couverture, j’ai dégainé ma carte bleue et me voilà reparti avec de la bonne came sous le bras.
Dès la première page, j’ai senti que quelque chose clochait. Les scénettes d’introduction étaient appétissantes, pas de doute là dessus. Des gens qui se retrouvent coincés ailleurs, dans une réalité ou les hommes apparemment n’existent pas. Sauf qu’il n’y avait dans ces premiers chapitres aucune trace de l’humour caractéristique de Terry Pratchett.

On arrive rapidement au pitch de cette histoire. Notre terre n’est pas la seule réalité. Elle possède une myriade de sœurs jumelles. Un savant mystérieusement disparu a publié sur Internet les plans d’une machine pour naviguer d’une terre à l’autre. L’appareil en question, le « passeur » est très rudimentaire, ses composants principaux sont une pomme de terre et un interrupteur. A chaque fois que l’on actionne l’interrupteur, il propulse son utilisateur dans la terre immédiatement voisine. Dans un sens, à l’est, dans l’autre sens à l’ouest. Mis à part une certaine nausée le voyage est immédiat et n’entraine aucun désagrément.

Pouvoir voyager sur des terres parallèles, c’est déjà assez inhabituel, mais encore plus étrange, dans toutes ces terres l’être humain n’existe pas. Les représentants de la faune et de la flore sont parfois très différents, ayant suivi d’autres couloirs de l’évolution. Parfois les écosystèmes entiers sont chamboulés, les terres se retrouvent immergées, de nouveaux continents apparaissent. Les ères glaciaires côtoient les déserts immenses.

Qui n’a jamais regardé notre terre avec une pointe de désespoir et de honte ? A se dire que notre planète ne se porterait pas plus mal sans l’espèce de bipèdes arrogants qui s’en prétend maitre.

Voilà un sacré thème pour ouvrir un récit de science fiction. Il va falloir être à la hauteur des questions philosophiques et sociétales qui se cachent en embuscade. Et c’est là que le bât blesse, cruellement. Mêmes si des mini-histoires riches en promesses sont distillées au fil des chapitres, la trame principale repose sur un récit d’exploration. Page après page on suit la description souvent monotone des caractéristiques des terres alternatives. Quelle déception !

On devrait clouer au pilori tous ces auteurs qui ont une idée géniale mais qui ne savent pas l’exploiter.

Mais revenons à nos moutons alternatifs. Le narrateur de notre histoire s’illustre très tôt, surtout lors du premier jour du passage.

Avec les plans rudimentaires trouvés sur Internet, des centaines de gamins essayent le fameux passeur. Sans forcément trop y croire, ni prendre quelques précautions. Notre narrateur est l’un de ceux-là. Il devient un héro en ramenant ses camarades de l’orphelinat sains et saufs à la maison.

Passé ce jour, le narrateur se découvre un talent de passeur né. Capable de franchir les réalités sans même l’aide de l’appareil idoine. Dès lors sa vocation sera d’explorer toujours plus loin, et surtout de se retrouver seul.

Au bout d’une trentaine de pages, je commence à m’ennuyer. Notre narrateur est contacté par un mystérieux robot, pour pousser ses explorations dans les terres les plus lointaines. « To boldly go where no man has never gone before » comme dirait le prétentieux capitaine Kirk. Bof, comme intrigue. Surtout avec ce couple formé par ce robot qui sait tout faire mais qui manque d’humanité (tient, qui a parlé de Spock ?) et cet humain trop curieux, ça sent le réchauffé.

Il y a pourtant quelques bonnes idées, dans les histoires qui gravitent autour de la trame principale. Comme la disparition de la notion de secret. Il n’est pas beaucoup de pièce fermée ou de coffre dans laquelle on ne puisse s’introduire en passant par une réalité adjacente. L’argent n’est plus un problème, car les ressources existent en quantité désormais infinies sur les autres mondes. Tout comme les problèmes de logement, il y a désormais de la place pour tous. Comment faire régner la loi lorsque les criminels peuvent si facilement s’enfuir ou commettre leurs larcins dans une infinité de mondes.
Oui le livre aborde toutes ces questions passionnantes. Mais il papillonne sans vraiment proposer quelque chose.

Autre chose qui m’a chagriné. Même si ça tient du détail, les auteurs persistent à centrer le récit sur une même unité de lieu et ses réalités alternatives.  Ahh, Madison. Petite ville américaine qui n’a jamais été marquée par la célébrité. Il y a bien une route qui va jusqu’à Madison mais on n’en tire que des mauvais films. Et globalement, de notre côté de l’Atlantique, on s’en fiche un peu.

Il paraît que la Longue Terre n’était que le premier tome d’une série. J’ai été trop déçu pour vouloir embarquer pour la suite. Quel dommage pour Sir Terry Pratchett de quitter ma mémoire avec un tel brouillon. Même en le réchauffant à la bougie des souvenirs, je n’arrive pas à éprouver la moindre tendresse pour ce livre.

dimanche, janvier 31, 2016

Un autre oiseau, du genre taquin

 Je n’étais pas revenu par ici depuis bien longtemps. Je parlais des livres pour affûter ma plume. J’avais l’espoir fou qu’un jour d’autres plumes parleraient de mes livres.

Depuis, je n’ai guère raturé que quelques pages ici ou là. Rien de bien glorieux et j’avais oublié un peut mes aspirations d’écriture. Je n’ai guère plus de mémoire qu’un moineau. Et le propre des choses que l’on oublie, c’est de ne pas s’en souvenir. Sans compter que dans notre nid, nous vivons à l’étroit maintenant. Il a fallu faire de la place pour un petit oisillon. Un oisillon qui occupe l’essentiel de mes heures.

L’oisillon dort et rêve. J’en profite pour reprendre la plume pour parler à nouveau d’un livre. Bien souvent, je classe les romans en fonction du plaisir que j’ai éprouvé à les lire. Je leur colle entre une et cinq étoiles puis je les range dans l’oubli poussiéreux de ma bibliothèque. La plupart des livres restent bien sages sur leurs étagères dans l’attente de trouver un nouveau lecteur. Il est d’autres gentils fantômes qui s’échappent de leur rayonnage pour continuer à me hanter.
Je suis revenu pour vous parler de l’un de ces ouvrages. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee mérite les lauriers que lui a tressé la postérité. Attention, chef d’œuvre !

Les livres qui me font rêver se répartissent eu deux grandes catégories. Ceux qui m’ont passionné pendant la lecture. Dans ces cas là, je brûle de savoir ce qu’il va arriver aux protagonistes, de résoudre les mystères, de découvrir de nouveaux horizons, d’apprendre des choses. Bref, j’aime ces livres car le récit me capture.

Et puis il y a ces autres romans, ceux qui persistent une fois la dernière page tournée. Ces livres là nous font réfléchir, ou bien ces univers ou ces personnages continuent de vivre dans nos têtes. Bref, j’aime ces livres car le récit ne nous libère pas.

Bien souvent, les bons livres combinent ces deux caractéristiques à des degrés divers. Je viens de terminer le chef d’œuvre de Harper Lee et je le range avec tendresse dans la deuxième catégorie. Tout comme Sur la route De Kerouac, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ne brille pas par son intrigue. C’est une histoire douloureuse de haine et d’injustice. Dans les Etats-Unis d’Amérique, les hommes ne naissent pas toujours libres et égaux. Certains états du sud n’ont visiblement pas saisi que la guerre de sécession leur avait donné tort. Bref, le récit est prenant, fort. Il laisse des marques, des séquelles.
Mais je persiste, l’intrigue contribue au récit mais je ne pense pas que ce soit la première qualité du livre. A moins de d’avoir vécu toute sa vie au milieu des lamas, on sait qu’avoir la peau noire n’aide pas à s’épanouir le long du Mississipi.

Non, j’ai donné cinq étoiles à ce superbe livre à cause d’une nostalgie contagieuse. Je m’y suis plongé pendant quelques centaines de pages et j’ai désormais l’impression de connaître intimement la vie dans les petites villes du sud des Etats-Unis. Comme si j’y avais vécu ma propre enfance. J’ai l’impression de connaître Jem et Scout Finch. Et je me surprends parfois à souhaiter à avoir de leurs nouvelles.

C’est un récit universel qui parle avant tout de la fin de l’enfance. Confrontée au monde des adultes la jeune Marie-Louise ‘Scout’ Finch n’a pas encore les clefs pour comprendre la société dans laquelle elle vit.

La jeune narratrice découvre le monde avec un regard d’enfant. Ce garçon manqué n’est pas la petite ‘dame’ que la bonne société voudrait qu’elle devienne. Elle est effrontée, bagarreuse, terriblement intelligente. Parfois, on se perd un peu face au personnage qui nous raconte ses histoires. Est-ce qu’il s’agit d’une petite fille qui commence l’école, ou est-ce la narratrice devenue adulte qui se rappelle de ses jeunes années.

Il y a Jeremy ‘Jem’ Finch. Le grand frère qui sait tout et qui protège. Lui commence à s’éloigner de l’enfance. Il regarde le monde de l’autre côté du rideau de pluie de l’innocence.
Les deux enfants sont élevés par Atticus Finch, cet avocat qu’aucun des deux enfants n’ose appeler papa. La figure paternelle est l’un des notables de la petite ville de Maycomb, Alabama. Il est avocat et s’efforce d’élever seul ses enfant en leur montrant ce qui est juste. Son humanisme flamboyant se révèle le jour ou il est commis d’office pour défendre un noir accusé d’avoir violé une blanche.

Et puis il y a tous ces personnages qu’on aurait tort de considérer comme secondaire. Dill, l’amoureux fantasque de Scout qui revient tous les étés passer les vacances à Maycomb. Il y a le mystérieux Boo Radley qui n’est plus sorti de sa maison depuis des années, la terrible Mme Dubose, et tellement d’autres.
Ils ne sont ni gentils, ni méchants mais avant tout humains et donnent une véritable vie au roman.

Tout a été écrit sur ce roman, il est grand temps de refermer cette chronique.
Cela faisait quelques années que je n’avais attribué cinq étoiles à un livre, mais ma voix n’a pas beaucoup de force. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est devenu un classique récompensé par le prix Pulitzer, hissant Harper Lee au milieu des plus grands écrivains américains comme Faulkner, Hemingway ou Normal Mailer.

mercredi, novembre 05, 2014

La formule d’un best-seller ?

Il parait en tout cas. La couverture annonce la couleur, rouge. Plus de deux millions d’exemplaires vendus. Forcément, si les gens l’achètent, ça doit être bien. Comme 50 nuances de bleu marine ou bien un moment avec la Valérie...
Ben La formule de Dieu, de José Rodrigues dos Santos, elle doit être magique, je vois que ça. Remarquez que je m’y suis laissé prendre aussi, j’ai acheté le livre. On me promettait du Dan Brown au pays des sciences, de l’Einstein à la portée du caniche, le paradis. Et puis il, y a même des lamas dedans. Pas ceux qui crachent, ceux qui se la jouent Casimir chez les drag-queens avec leurs robes orange.
Avis au lecteur attentif mais désœuvré de ma critique. Tu auras peut-être décelé une infime pointe de sarcasme dans mon avant-propos. Je meuble. Façon Ikéa, pas cher et vite monté. Car pour parler du livre, il ne reste pas grand-chose à dire. C’est un navet. Je suppute qu’ils ont extrait les fibres de la plante pour faire du papier sur lequel imprimer l’histoire.

Commençons par dire que c’est mal écrit. Où bien alors mal traduit, mais comme je ne lis pas le portugais dans le texte, j’irais pas vérifier. Dès le premier paragraphe, je me suis souvenu de mes rédactions laborieuses au collège. Je crois que le livre est encore plus mauvais. Au moins mes dissertations s’arrêtaient après une paire de copies doubles. Là, on signe pour plus de 700 pages.
Il parait que la forme ce n’est pas le plus important. Alors on va parler du fond, on va même le toucher le fond. Les personnages ne sont pas crédibles, ils sont plus minces que la feuille de navet sur lequel ils sont imprimés. Le narrateur, expert mondialement reconnu de la cryptographie. Brillant mais pas trop, vu qu’il met plus d’un tiers du bouquin à décoder une bête petite phrase codée. Ah, il y a aussi le terrible agent de la CIA, qu’est ce qu’il fait peur celui-là. Il en sait des choses, par exemple que le Hezbollah, c’est des méchants, et qu’il y en a plein en Iran. J’ai failli oublier l’héroïne, qui vit une fabuleuse histoire d’amour avec le narrateur. Sauf qu’en fait mis bout à bout, la romance prendrait moins de trois pages. Je ne parlerais pas du père du narrateur, qui passe le bouquin à mourir d’un cancer. Quoi de mieux pour se rapprocher de son fils avant sa mort que de discuter physique quantique ?
Le reste de l’histoire, pour le coup on se promène. De l’Egypte au Portugal, puis en Iran, au Népal. Dommage que ce soit en charter low-cost. Le fond de l’histoire, il parait que les Iraniens ont récupéré un manuscrit inédit d’Einstein. Bon, vu qu’ils ne sont pas très finauds, et que le texte parle de physique quantique, ils ont rien compris. Mais vu qu’il y a une petite phrase cryptée au début, forcément ils font appel au narrateur. Surtout pas à un physicien, ni à un mathématicien.

Pour les naïfs qui espéraient comme moi trouver de la vulgarisation scientifique, romancée pour la rendre digeste. Passez votre chemin. Les discours interminables des personnages, qui expliquent patiemment au narrateur, parce qu’il est un peu béta, les théories de la relativité pour les nuls. Ca lasse. D’autant plus que ça se répète.
Pour finir, je vais dévoiler justement la fin du livre. Ca vous évitera d’aller l’acheter. Histoire qu’ils ne refassent pas une couverture avec plus de 3 millions d’exemplaires vendus. Ca frise par trop l’escroquerie.
Donc voilà la formule de Dieu : Fiat Lux, que la lumière soit, ça veux dire Big Bang. Et Dieu à créé le monde en six jours, donc Dieu existe. D’ailleurs le monde est cyclique, alors peut être qu’on peut sortir une suite à ce roman.

Pour les romantiques, le papa du narrateur finit par mourir. Et puis le narrateur couche avec la jolie Iranienne. Par contre on ne nous dit pas s’ils vont vivre heureux et avoir plein d’enfants.

lundi, octobre 27, 2014

Ce n’est pas la taille qui compte !

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Prenez les océans par exemple, on en trouve de différentes tailles. Celui de Lettie Hempstock fait la taille d’une mare, et pourquoi pas ?  En se donnant de la peine, on devrait même pouvoir le faire tenir dans un sceau.

Pour Neil Gaiman, il y a donc cet Océan au bout du chemin. Et cette histoire donne un chouette livre, un conte pour les grands enfants que nous sommes restés.
On imagine dès les premières pages une tranche de la vie de l’auteur. Le narrateur est un gamin de sept ans, rêveur et avide de lecture. La biographie s’arrête probablement lorsque notre héro rencontre un prospecteur d’opales, venu louer une chambre de la vaste maison familiale.
Le destin du prospecteur d’opales entrainera le narrateur à croiser la famille Hempstock : la grand-mère, la mère et la fille, Lettie. Sauf que la famille Hempstock n’est pas une famille ordinaire.  On devine le trio fétiche de de Neil Gaiman, figures récurrentes de la série des Sandman, empruntées des parques grecques, des sorcières de Macbeth ou d’ailleurs. Mais chhhht, n’en dévoilons pas plus sur ces étranges dames ni sur le destin du héro ou bien le livre perdrait de sa fraicheur.


Le texte est simple, le texte est beau, comme les pensées d’un enfant de sept ans. Cette facilité nous entraine ailleurs, dans notre propre enfance, à l’époque où l’on savait que des monstres se cachaient sous le lit, quand il restait encore des princesses à délivrer, lorsqu’un bâton de bois ou un balai devenait une épée magique…
De la littérature pour enfant ? Certainement pas. Des pépites de rêve et de poésie pour comprendre enfin que la vie est infiniment plus qu’un métro-boulot-dodo quotidien jusqu’à ce que la bougie s’éteigne.

Il y aura des esprits chagrins pour dire que Neil Gaiman fait du Neil Gaiman. Et dans l’Océan au bout du chemin, on retrouve beaucoup de Neverwhere, StardustCoraline.  Et dans ce livre brille la même magie, le même talent, la même fraicheur que dans ces illustres prédécesseurs.


J’ai adoré ce livre et je le recommande très chaudement. Suis-je partial ? Certainement car je suis un fan de l’écrivain. Sauf qu’à avoir de grandes espérances, les derniers livres de Neil Gaiman m’avaient déçu. Pas celui-là !
J’ai dévoré les deux cents premières pages d’une seule traite, sans pouvoir m’arrêter. Je suspecte un tour de magie de la famille Hempstock. Le dernier tiers m’a laissé sur ma faim. Peut être qu’il y avait trop de promesses ou trop d’ambition. Peut être que je range derrière cette conclusion douce-amère ma frustration de ne pas avoir eu d’autres centaines de pages à dévorer.


En tout cas, je dois remercier les éditions Au Diable Vauvert et Babelio pour m’avoir donné ma dose de rêve. L'auteur se fait trop rare, quelle chance j’ai eu de le lire et surtout de pouvoir une fois de plus en dire tout le bien que j’en pense.

samedi, mars 22, 2014

Au fond des caves des HLM on entend pourtant l'appel des Muezzins..

Un an est passé depuis ma dernière chronique.
Ce matin, j’ai reçu un pavé de bitume dans ma boite aux lettres. Du bitume noir et crasseux sur lequel quatre lettres à la craie, DAWA. Une invitation à rejoindre l’Islam ? Un sacré bordel ? Un peu de tout ça, mais il s’agit surtout du premier roman de Julien Suaudeau.

L’histoire commence sous le soleil de l’Algérie, à l’époque sombre de la guerre d’indépendance. Le narrateur y vivra une expérience traumatisante qui le fera rentrer en Corse et renouer avec la tradition de la Vendetta.
Les racines plongées dans le passé, le récit déploie ses branches dans le présent, dans l’actualité de ce début d’année 2014.

Le narrateur est sur le point de terminer sa carrière alors qu’il a enfin retrouvé se cible. L’objet de sa vengeance se cache dans les HLM de la cité des 3000 à Aulnay-sous-bois. Les choses ne sont pas simples dans les poudrières des cités et d’autres vengeances s’apprêtent à déchaîner la haine. Il faut faire sauter Paris et rappeler aux énarques que les enfants de la misère sont là.
Dawa nous fera visiter les caves obscures des HLM comme les salons feutrés des ministères. Si la république stigmatise et ne s’occupe plus des cités, elles ont trouvé d’autres anges protecteurs. La sécurité sociale s’est vue remplacée par la protection du grand banditisme, le réconfort du prosélytisme religieux ou les millions du Qatar.
Julien Suaudeau nous dresse un portait sombre et réaliste de ces personnages. Les jeunes qui tentent de survivre alors qu’ils n’ont pas d’avenir ou les intrigues de cours au sommet de l’état. Les méchants ne sont pas forcément ceux que l’on croit, les patrons maffieux tentent de préserver la stabilité, les intégristes ne sont présents qu’à titre d’épouvantails et le Djihad a changé ses manières.
Les histoires des protagonistes s’entrechoquent et font des étincelles. Cela donne une intrigue riche et mouvementée.

Il y a aussi la manière de l’écrire. On devine sous les pages l’exubérance artistique d’un premier roman. A trop vouloir en faire, il en fait justement trop. Les paragraphes sont trop riches d’images, elles ne se savourent plus. Pire, on perd parfois le fil de l’intrigue. On se retrouve à relire les mêmes phrases pour en comprendre le sens. L’antithèse de la littérature de gare, un livre à ne pas lire dans le RER du matin ou le métro bondé. Ne boudons pas trop notre plaisir, beaucoup de phrases font mouche et le roman est une mine de citations et d’expressions.

On ne trouve pas l’habituel avertissement fictionnel « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite ». Et pour cause, les personnages du livre se divisent en deux catégories. Ceux que l’on nomme sont les protagonistes de la fiction. Et ceux que l’on désigne par leur fonction sont tirés de l’actualité, pire ils semblerait que ces quidams sont aux commandes de notre bonne république. C’est peut-être le principal défaut de ce livre. L’action se déroule avant le vendredi 13 mars 2014. J’écris cette critique une semaine plus tard et je peux affirmer que le 13 mars était un jeudi. Accessoirement, aucun des évènements qui sont racontés dans le livre ne s’est déroulé. Heureusement pour nous.
A trop jouer avec l’actualité et la politique fiction, le livre risque de se démoder bien vite.


En attendant, je suis content d’avoir été le témoin de la naissance d’un écrivain. Il y a trop de talent dans ces phrases pour ne pas penser aux livres à venir.

lundi, mars 04, 2013

Born in Trappes

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Joie de recevoir un livre en échange d’une critique. Il n’empêche qu’avec cette lecture, me voilà muté en banlieues dans ces quartiers pudiquement dits difficiles.
En recevant « Made in Trappes » par Alain Degois, j’avoue que mes sentiments étaient partagés.
L’agacement tout d’abord, car il s’agit d’un livre de plus sur les banieues surmédiatisées. Un coup de projecteur brûlant de plus sur des saltimbanques ravis de se donner en spectacle.
Au final, la nostalgie l’a emporté. Trappes, j’y suis né. J’ai eu la chance de passer un quart de siècle à l’ombre de ses hlm, protégé des hordes barbares par les remparts de la commanderie des chevaliers du temple. J’ai ainsi passé ma jeunesse dans la cité plus cossue du comte de Maurepas.

J’imagine que d’ici quelques décennies, les historiens retiendront que les cités et la violence urbaine ont écrit l’histoire de France du vingt-et-unième siècle. J’éprouve un petit pincement au cœur d’avoir assisté en voisin aux premières heures du drame.

Trappes est donc tristement célèbre, pour ses trafics, pour sa violence, pour son prosélytisme religieux. On ne remerciera jamais autant les médias d’amplifier et de nourrir le phénomène. La bonne ville de Trappes est connue aussi pour ses célébrités. Anelka, Omar Sy, Shy’m, la liste des personnalités est longue comme le bras. Preuve s’il en est que les cités sont capables de produire autre chose que de la racaille.

Alain Degois, dit papy est ainsi connu pour avoir révélé au public le talent de Djamel Debbouze. Beaucoup d’autres ont eu la chance de passer de l’ombre à la lumière grâce à ses ateliers de théâtre. Véritable self- « made in Trappes »-man, Papy aura consacré sa vie à la ville. Alain Degois possède une bonne raison, et surtout une sacrée crédibilité pour écrire un livre et essayer de faire taire les clichés.

Dès l’introduction, le paysage est posé, sincère et authentique. Pas de tromperie sur la marchandise, l’auteur connait son affaire. Le reste narration est rythmée par une dizaine de chapitres, autant d’idées reçues sur la banlieue.

  • Cliché numéro 1 : Les blancs qui vivent dans les cités votent Front national.
  • Cliché numéro 2 : Pour résoudre le problème de la délinquance en banlieue, il faut construire plus de prisons
  • Cliché numéro 3 : le boulot des policiers, ce n’est pas de jouer au basket avec les jeunes
  • Cliché numéro 4 : L’Etat a mis beaucoup d’argent en banlieue et pourtant rien n’a changé. A quoi bon ?
  • Cliché numéro 5 : En banlieue, on tague et on rappe
  • Cliché numéro 6 : Les musulmans veulent islamiser notre pays (en passant par les banlieues)
  • Cliché numéro 7 : Il faut être un beur de banlieue pour percer aujourd’hui au cinéma ou à la télévision
  • Cliché numéro 8 : Le rêve de tous les habitants de la banlieue, n’est-ce pas de la quitter ? 


On pourrait croire tenir entre ses mains un essai de sociologie optimiste et bien pensante. Et bien non, Papy n’est pas un universitaire qui étudie les mœurs des créatures étranges bien à l’abri derrière les grillages du zoo urbain. Il vit dans la ville, c’est un Trappiste pur sang.
Il ne possède certainement pas le recul ou le génie pour suggérer des solutions miracles. Ce livre se veut surtout un témoignage sur l’histoire et le destin d’une ville et de ses habitants.
De la ville campagnarde qui s’embourgeoisait à cultiver et à nourrir Paris, Trappes s’est transformée en ville ouvrière. Elle n’aura loupé un virage dans son destin de ville nouvelle. Après le rêve du pays de la tolérance et du melting-pot, le réveil est difficile pour les habitants de ce ghetto des communes environnantes.
Papy aura vécu cette mutation radicale, une illumination puissante pour son livre. Malheureusement pour moi, l’essai n’est pas transformé.
Là où l’on attend des idées nouvelles, on trouve surtout une autobiographie mâtinée d’orgueil. L’auteur se complait à contempler son passé plutôt qu’à regarder l’avenir.

Pour le coup, Papy enfonce quelques portes ouvertes et brode sur d’autres clichés. A dénoncer sans cesse l’administration Kafkaïenne et la machine politique, il donne le bâton pour se faire battre à ses détracteurs.
Si je devais résumer ce que j’ai compris du livre, les meilleures chances de la banlieue résident dans le courage et l’acharnement d’individus isolés.
Si je n’ai retenu qu’une leçon de mes cours d’histoire, c’est que dans ce nouveau millénaire désenchanté, le temps des héros est révolu...

Alain Degois a eu une vie passionnante, et vécu des temps intéressants mais difficiles. Il dresse un portrait fidèle de la banlieue. En plus l’ouvrage se lit facilement. En bref. Pour celles et ceux qui ne connaissent de la banlieue que l’image relayée par les mass media, ce livre est à lire avant de se faire recruter par la marine...