Une situation bien banale, un dimanche soir dans le train pour la capitale. La nuit tombe doucement et le trajet est long. A mesure que l'obscurité englouti le paysage, la monotonie s'installe. Des enfants sont bien sûr présents dans le wagon et les esprits jeunes s'impatientent beaucoup plus vite que leurs aînés, sclérosés par la patine du temps.
Juste devant moi, une mère occupe son enfant par des jeux de société, louable initiative. Je ne peux m'empêcher d'être distrait par les exclamations du petit garçon. Des cris de joie lorsqu'il mange un pion, des pleurs lorsqu'il s'en fait prendre un. Il semblerait que ce soit le jeu de dames qui occupe ainsi mère et fils.
Immanquablement, malgré les cris, les pleurs et les protestations, le gamin finit par perdre. Cette situation me renvoie à mon propre passé. A un age similaire, ma mère me laissait gagner à ce même jeu, il faut dire que j'étais un sacré mauvais perdant.
Aujourd'hui, je gagne bien plus souvent aux dames, pourquoi ? Certainement parce que je ne m'attarde plus sur le prochain coup qui me permettrait de gagner un pion, je réfléchis plus à des stratégies de jeu à plus long terme.
Je résumerais cette évolution à un constat simple, grandir nous permet de nous projeter dans l'avenir. A mesure que ce futur lointain de la maturité nous rattrape on se met à envisager le lendemain.
Le corollaire de cela, c'est que l'avenir commence à nous faire peur à mesure que nous appréhendons l'inéluctable. Y a t-on gagner à échanger l'insouciance contre la prévoyance, rien n'est moins sûr. Je sais maintenant qu'un jour je ne serais plus et ce jour là sera comme si je n'avais jamais été.
Un oiseau vieillissant
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