Une fois n'est pas coutume, je vais faire une petite revue de mes dernières lectures car ce journal presque intime semble être le réceptacle idéal pour cela.
Je vais donc vous raconter l'un de mes voyages, un voyage au bout de la nuit, rarement un livre n'a autant mérité son titre. L'année 2007 était sur le point de s'achever. Nous étions perdus dans un aéroport à l'autre bout du monde à attendre un avion qui ne venait pas. Les heures s'égrenaient lentement dans l'ennui et l'inconfort. Il était minuit dans la métropole comme l'attestait la gigantesque horloge murale. Là bas, la nouvelle année avait dû commencer dans la musique et la fête. Puis minuit a continué sa route le long de l'atlantique pour arriver jusqu'à nous. L'aéroport n'était pas désert, mais toute activité l'avait déserté. Seuls les passagers du vol pour Paris hantaient encore les lieux tels les réfugiés misérables et désemparés d'une guerre civile. Puis minuit nous a dépassé pour aller se fêter dans les Amériques, tandis que nous attendions toujours, rendu ivres de fatigues par la nuit blanche et les affres du décalage horaire. Ce fût l'une des nuits les plus longues de ma vie. Quel étrange coïncidence d'avoir commencé à ce moment là la lecture du voyage au bout de la nuit de Céline.
La réputation sulfureuse de l'auteur précède l'ouvrage, mais la curiosité me poussait à découvrir ce pilier de la littérature Française. Je ne m'attarderais pas à présenter l'histoire. Il s'agit des tribulations malheureuse d'un jeune homme au début du siècle, des horreurs de la grande guerre à la découverte de l'Afrique. Du voyage en Amérique à son retour en France. Cette histoire présente des points de ressemblance troublant avec la propre histoire et les pérégrinations de l'auteur.
Enfin bref ce n'est pas vraiment l'histoire qui développe tout l'intérêt du livre. L'intérêt ce trouve dans la manière d'écrire. Céline a véritablement inventé un style d'écriture, plongé dans le réel par l'utilisation du présent. Ou le vulgaire danse avec le langage le plus fleuri, ou les images, les métaphores et les allégories sont d'une ténébreuse beauté. Pour tout cela, l'auteur mérite très largement sa place de génie dans le panthéon des écrivains.
Mais c'est un génie malfaisant et désabusé qui ressasse au travers de son "héro" sa haine pour l'humanité et le monde des hommes. Au travers de ce livre, j'ai compris d'où venait la réputation de Céline, ses penchants antisémites, son homophobie, sa misogynie ou bien son racisme. Oui, on retrouve bien cela dans son récit. Et même si ne connaissant pas l'homme je ne peux juger s'il exprime sa véritable pensée, la force et le talent qu'il applique sont troublants.
Bref je n'ai pas aimé ce livre, peut être à cause d'un mécanisme glauque d'identification qui me renvoie à la figure ma propre misanthropie. Je trouve l'ouvrage malsain et plus encore car il mérite soin titre de chef d'oeuvre. Comment un tel talent peut-il être employé pour exprimer une telle haine, cela me dépasse. J'ai mis près d'un mois à finir le livre, me forçant à continuer malgré le dégoût qu'il m'inspirait. C'est en fermant la dernière page que je me suis promis de ne plus jamais y retourner, de ne jamais le conseiller. Ô toi, visiteur perdu sur ce site, n'achètes pas ce livre ou tu risques de livrer ton âme avec pour devenir l'un des personnages du roman, un être médiocre et aigri. Certains des propos de Louis-Ferdinand Céline sonnent douloureusement justes mais à quoi bon se les approprier sous peine d'oublier que quelque part, malgré tout la vie vaux peut être le coup d'être vécue.
Le deuxième livre dont je vais parler n'est pas beaucoup plus gai. Et pour cause, il parle de la guerre. Une guerre douloureusement plus récente et toujours d'actualité. La sombre affaire qui a mené les armées de la liberté étoilée à conquérir le berceau de l'humanité à la recherche d'or noir et d'uranium enrichi. La description du fumier sanglant au dessus duquel s'épanouissent leds fleurs vénéneuses du terrorisme. En décrivant comment des brutes bardées de grenades et de menottes sont venues apprendre aux poètes à être des hommes libres l'écrivain des "Sirènes de Bagdad", Yasmina Khadra raconte l'histoire d'un jeune bédouin. L'homme simple d'un petit village confronté à l'horreur de la guerre et qui à travers sa haine se réfugie contre l'injustice. Comment il trouve une échappatoire dans l'idée de se suicider dans un attentat meurtrier. Ce livre est dur mais merveilleusement bien écrit. Les images suscitées par la prose enchantée de l'écrivain nous entraînent dans un monde ou la folie des hommes a fait sombrer le joyaux de l'orient dans le gouffre de la barbarie.
La seule chose regrettable dans cette histoire, c'est la psychologie du personnage principal. Un mouton qui se contente de suivre les évènements sans réagir. Incapable d'entendre la voix de la raison, il sombrera lui aussi corps et âme dans la folie.
Un livre à lire en tout cas pour appréhender la situation complexe d'aujourd'hui en Irak et savoir ce qui peux pousser les hommes à franchir le pas du terrorisme aveugle. Yasmina Khadra, assurément un grand écrivain.
Pour mémoire, je vais également évoquer le troisième livre que j'ai lu. L'automate de Nuremberg de Thomas Day démarre avec une fabuleuse idée. Il nous présente l'histoire de cet automate crée par l'homme et qui doué de la conscience part à la recherche de son créateur pour lui demander "suis-je une machine ?". Au travers de son uchronie, Thomas Day nous raconte les errances de ce robot de la cour impériale de Russie jusqu'à l'Afrique Francaise en passant par l'empire Napoléonien et l'Angleterre du génie industriel. Une histoire prometteuse, qui malheureusement ne tient pas ses promesses. Une belle idée bâclée et gâchée par une écriture trop simple.
Le livre est court mais on l'aurait peut être préféré plus dense. Le livre n'est pas cher, mais il vaux tout juste son prix. Dommage...
Voilà tout pour aujourd'hui. Il me reste encore à parler de l'ombre du vent, quel livre magnifique ma surprise de ce début d'année. Mais j'ai déjà bien mis trop de temps à écrire ces quelques lignes. Demain est un autre jour. Et l'oiseau reprendra c'est sûr sa plume.
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