J'ai la chance dans mon appartement de posséder un poêle à bois comme principal moyen de chauffage. Comme son nom l'indique, le bois alimente la machine. Pour éviter des allers/retours incessants au stock de bois de chauffe à l'extérieur, je peux empiler quelques buches sous le poêle. Ma table de chevet fonctionne sur le même principe. Juste en dessous se trouve un espace ou j'entrepose mes livres en attente comme autant de combustible pour réchauffer l'imaginaire. Mais le stock de papier imprimé s'en allant diminuant, j'ai du m'armer de ma carte bleue comme d'une hache pour m'aventurer sur dans les forêts obscures de rayonnages libraires. Dans mon petit cabas, j'ai donc ramené quelques livres et voici la critique des deux premiers.
En ce qui concerne le premier, j'ai décidé de mettre de côté mes penchants littéraire pour sciemment acheter un roman de gare. En l'occurrence il s'agissait d'un livre d'épouvante, le diable en gris de Graham Masterton. L'auteur représente, équivalent écossais de Stephen King produit des livres faciles à lire, qui ne laisse pas beaucoup de souvenir mais qui passent agréablement le temps. Je n'ai pas vraiment acheté ce livre pour faire passer le temps, plutôt pour m'instruire. Comment un maitre du genre fait monter le suspense et l'horreur avec de simples mots. De plus l'intrique se déroulait dans les états du sud américain, tout comme ma propre histoire.
La promesse du roman était tenue, un livre facile à lire ou petit à petit l'angoisse monte et noue les tripes du lecteur dans un scoubidou sanglant. Parce que l'auteur n'est pas avare avec l'hémoglobine, c'est certain. Un chapitre sur deux du livre ou presque décrit un meurtre tout aussi sanglant qu'inexplicable. C'est le principe même de l'intrigue, des personnes sont assassinées en plein jour, avec des témoins dans des circonstances impossibles. Jamais personne ne peut voir l'assassin, et celui-ci ne laisse aucune trace. Difficile enquête en perspective pour l'inspecteur Decker. Il recevra de l'aide inattendue de la part d'une jeune enfant trisomique ainsi que de la femme de l'un de ses collègue, une médium. Le pauvre inspecteur affrontera également ses propres démons et fera la lumière sur le meurtre de sa femme qui eut lieu quelques années plus tôt.
Le noeud de l'affaire trouve ses racines dans la magie africaine et la guerre de sécession. C'est l'histoire d'une revanche au travers des siècles. En conclusion, ça se laisse lire. Contrairement à Stephen King, les tenants et aboutissants de l'intrigues ont beau être surnaturels, ils sont expliqués. On termine le livre avec l'impression de comprendre le pourquoi du comment. Pour autant, ce n'est pas un "bon" livre, la style est accrocheur mais pauvre, l'intrigue toute mystérieuse qu'elle soit suit les codes du genre et quelques incohérences viennent troubler la compréhension. Mais bon, ne boudons pas notre plaisir. D'autant plus que si le style de m'a rien appris, le fond du récit et les cultes Santeria sont une véritable inspiration pour ma propre histoire.
Le deuxième roman que je souhaite critiquer est le fruit du hasard et de la sérendipité. Je trainais mes guêtres dans les rayons de la littérature francaise, près des têtes de gondole lorsque mon regard fut happé par les couleurs éclatantes de la nouvelle collection Livre de poche. En effet sur le présentoir une sélection de livres dans des coffrets aux couleurs chatoyantes. Je me suis décidé pour les yeux jaunes des crocodiles de Katherine Pancol. Je n'avais pas bien lu la quatrième de couverture, j'aurais du y prêter plus attention. C'est en effet un roman purement féminin que celui là, à l'image des comédies romantiques insipides que nous servent les studios Hollywoodiens. Il ne s'y passe pas grand chose et les protagonistes ont des hautes pensées philosophico-psychologiques sur la vie en général et l'amour en particulier.
La lecture est sans saveur mais agréable, tout comme ces thés au citrons servis par les machines à café industrielles et dont le sucre masque l'absence de goût. La scène d'ouverture présente un appartement minable des banlieues ouvrières de paris. La femme reste à la maison pour s'occuper de la maison tandis que le mari végète dans une recherche d'un emploi inaccessible. La femme vient d'apprendre la liaison de son mari avec une esthéticienne du coin. Le roman débute lorsque la femme soumise met son mari à la porte et ça déclenche la dynamique de la narration. Comme d'habitude avec ce genre d'histoire, les plus malheureux ou les plus forts ne sont pas ceux que l'on croit. Les pauvres puisent dans leur misère la force de rebondir et les riches et puissants découvrent en eux une coquille vide. Le seul personnage qui m'a quelque peu surpris c'est la détestable fille ainée du personnage principal. Un rôle complexe et intéressant, un diamant perdu au milieu de la verroterie du livre.
Bref rien de neuf sous le soleil, mais ça ravira le public habituel. Comme ça se lit facilement, je l'ai rapidement expédié.
Il fait froid maintenant, il est temps de remettre du bois dans le feu, peut être de mettre aussi de nouveaux livres sous ma table de chevet, mais un meilleur combustible.
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