lundi, février 16, 2009

Coming through the rye, poor songbird


L'oiseau s'est fait prudent, avant de se perdre dans les rayonnages des librairies industrielles, il s'est renseigné un peu pour ne pas attraper n'importe quel livre dans les immenses champs de seigle. Il était temps de revenir un peu au classique, mais quoi ?
Finalement, j'ai opté pour la révolte adolescente de l'Attrape-Coeur de J.D Salinger. Un classique des années 50 qui garde encore sa jeunesse malgré le changement de siècle. Le môme Caufield n'a pas pris une ride avec sa colère légitime de l'enfant qui découvre l'horreur du monde des adultes auquel il appartient désormais.
On suit donc la fugue d'un gamin renvoyé de son lycée quelques jours avant noël, ses errances intimes et anonymes dans la ville géante de NewYork. De la séparation du monde du lycée et de ses camarades de chambrée pour un voyage au bout de la nuit. Du séjour bref dans un hôtel sulfureux aux romances improbables en passant par des rencontres inespérées. Derrière la révolte et la morgue, le gamin qui n'aime rien ni personne est finalement fragile et touchant. La mémoire de son petit frère idéalisé mort quelques années plus tôt d'une leucémie le hante et son attachement passionnel avec sa petite soeur le sauvera de la déchéance.
Le style précipite le lecteur dans l'action, le narrateur s'adresse à lui à la première personne pour lui raconter ses étranges journées. Le texte est ponctué d'expressions telles que "ouah"ou "ça me tue" qui agaces à force de répétitions. On sent bien que la pensée du jeune homme n'est pas toujours structurée, il lui arrive de s'égarer et de faire n'importe quoi. Point d'intrigue ou même d'histoire, le roman n'est qu'une succession d'évènements pas forcément ordinaires mais qui s'enfoncent dans la banalité du plausible.
Malgré le style parfois insupportable du gamin qui part dans toutes les directions, malgré l'absence de fil conducteur, on se surprend à se laisser envouter par la magie du texte. Comme Holden Caufield ou voudrait découvrir ou s'envolent les canards de Central Park lorsque le lac gèle en hiver, comme lui on désire tout arrêter et s'enfuir de cette réalité si morne et si triste. Et si plus rien n'a d'importance pourquoi ne pas s'enfuir de l'autre côté de la terre pour vivre dans une maison dans les bois.
Une histoire intemporelle de la perte des illusions de l'enfance, la destruction du bouclier de l'innocence. En bref, j'ai bien aimé. C'est rassurant car cela signifie que ma part d'enfance n'est pas définitivement morte. L'adolescent en moi continue de regarder le monde d'un oeil septique et désabusé.

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