jeudi, novembre 12, 2009

Un oiseau fondu dans la masse...

L'humanité ne serait-elle qu'un vaste troupeau, que des bergers cupides orientent à leur guise ? Voilà le propos de Ionesco avec sa pièce Rhinocéros, le thème de l'individu qui disparaît pour se fondre dans le moule de la normalité.
Voir passer un rhinocéros, fut-il africain ou asiatique dans un petit village français n'est certes pas "normal". Mais alors, si tout le monde se transformait en rhinocéros, la bienséance voudrait que l'on suive l'exemple, chacun justifiant son choix selon sa perception étriquée du monde. A la fin, l'original serait alors l'humain au milieu des bêtes sauvages.
Avec ces trois lignes, je pense avoir résumé assez fidèlement l'histoire. Postulat absurde, raisonnement absurde, théâtre absurde, sainte trinité qui gouverne la pièce.
Les interprétations habituelles y trouvent un chef d'œuvre, la dénonciation des régimes totalitaires où des comportements humain de collaboration brutalement illustrés par la seconde guerre mondiale. Quand à moi, je lâche prise et je baille.
Sous sa forme écrite, le théâtre fait l'économie de la description pour se concentrer dans le dialogue, exercice de style difficile et peu valorisant. Du coup le talent de l'écrivain disparaît derrière celui du metteur en scène ou celui des acteurs seuls capables d'habiller dignement des conversations. Et bien je peux affirmer que c'est encore pire pour le théâtre absurde. Les réflexions deviennent incohérentes, et les échanges pénibles.
Je pense sincèrement que Rhinocéros est une bonne pièce mais je suis persuadé qu'il faut impérativement la voir avant de la lire. Ne serait-ce que pour vivre tout ces moments de silence et ces intonations donnant parfois au surréaliste un ton comique.

Quand au fond de commerce de la pièce, que j'interprète comme une analyse de la normalité. Génie ou pas, je ne suis pas convaincu. Pas plus que la ritournelle éducative servie par des donneurs de leçon borné lorsque leur progéniture suit les autres enfants dans leurs bêtises collectives: Si tout le monde se jetait dans un puis, est-ce que tu ferais pareil ?
Peut-être que oui, peut-être que non. A vrai dire si la question est simpliste, la réponse est potentiellement intéressante. Sauf le propos de Ionesco ne semble pas vraiment plonger sous la superficialité des raisonnements communs.

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