Trois petites lettres que nous utilisons quotidiennement, sans y prêter attention. Waf Waf Waf pourrait faire le chien lorsque la caravane passe sur les autoroutes de l'information. Mais les fameux "www" qui précèdent le nom de nos sites favoris ont une signification dont la sémantique peut faire frissonner. "World Wide Web" ou toile qui répands ses filets sur le monde pour les allergiques à la langue de Tim Berners Lee. L'analogie est troublante car cette toile et ses myriades de réseaux sociaux nous emprisonnent tous, tels des insectes trop curieux englués dans le virtuel en attendant la moisson carnivore des araignées omniprésentes. Est-ce cela "l'esprit Google" ?
Petits insectes sans défenses comme tous ces internautes leurrés par les reflets argentés des fils de la toile, la promesse d'avoir le monde à portée de clic, un rêve d'universalité trompeur. Nous voilà tous à rêver notre vie en mendiant une poussière de renommée pour mieux perdre les chemins ambitieux de l'épanouissement, ceux qui nous permettraient de vivre nos rêves.
Parmi ces petits insectes rêvant de gloire, j'évoquais ces sites débordants de revues de lecture. Dans le bourdonnement de ces internautes piégés par la toile, j'avais découvert la notion de Pile A Lire dont je me faisais l'écho. Cette découverte n'est pas venue seule. Tous ces lecteurs esseulés connaissent la malédiction du choix impossible, perdus dans un monde littéraire bien trop vaste. Alors ils se sont imaginé des défis pour stimuler l'appétence littéraire. Le but est simple et commun à tous ces défis, il s'agit de lire et de commenter un ensemble de romans dans un temps limité. Le choix des livres est généralement contraint par un thème, la bibliographie d'un auteur, une couleur, un lieu ou une époque ou même ce fameux défi alphabétique consistant à lire un livre dont le nom de l'auteur débute par un 'A', ensuite par un 'B' et ainsi de suite jusqu'à épuiser les 26 lettres. Ce dernier défi me tente je l'avoue mais la paresse de me contraindre à 26 livres durant une année m'a fait préférer la voie de la paresse. Je vais plutôt m'attaquer au défi du 1% littéraire en m'engageant à lire 1% de la rentrée littéraire 2009. Il parait qu'environ 700 romans sont parus cette année, sept livres à lire sur une année, ça s'annonce plus facile !
J'ai commencé le défi en abordant l'anneau d'Atlantide de Juliette Benzoni tout juste sorti des presses pour débarquer en masse dans mon supermarché habituel. J'avais entendu le plus grand bien des romans historiques écrits par cette auteur prolifique. Première déception, même si l'action se déroule plus de cinquante ans avant notre époque, il ne s'agit pas vraiment de l'histoire avec son H majestueux. Nous suivons plutôt les aventures récurrentes du prince Aldo Morosini. Ce noble de la sérénissime occupe son oisiveté et son argent à collectionner et revendre des objets d'art, périphrase inutile pour désigner son activité de chasseur de trésors, spécialisé dans les bijoux à l'histoire sulfureuse.
Dans les premières pages, le prince Aldo fait la rencontre d'un égyptien agressé par de mystérieux mais lâches individus. Avant de mourir, le vieil homme aura le temps de lui confier son trésor, un mystérieux anneau argenté. Le hasard de l'écrivain fait décidément bien les choses, Morosini est justement l'un des seuls capables d'identifier l'objet comme l'une des reliques de l'Atlantide.
Dans la louable initiative de restituer l'objet à son propriétaire, le narrateur part pour l'Egypte où il retrouvera par un autre hasard suspect ses habituels compagnons d'aventure. S'ensuit une histoire assez barbante qui pourrait s'intituler "le club des cinq en Egypte" et trouver sa juste place dans la bibliothèque verte de notre enfance.
Dans l'ensemble, c'est assez bien écrit et les personnages sont complexes même s'ils se comportent parfois de manière saugrenue. Si on constate un certain talent dans l'écriture, on ne peut que regretter l'absence de la flamme qui rend le livre si dispensable. Je ne sais pas si je tenterais à nouveau un livre de Juliette Benzoni mais il est plus que probable qu'il ne s'agira pas d'une nouvelle enquête du prince Morosini.
Première expérience décevante donc pour ce pourcentage littéraire, j'espère que les autres remonteront le niveau. En attendant, ma pile de lecture s'est agrandie de vieilleries. Les prochaines "nouveautés" devront attendre.
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