Ecrire pour ne pas oublier. Ne pas oublier ce blog que je délaisse, ne pas oublier cette pile qui n’attend que mes revues, ne pas oublier le frisson du poète lorsque le verbe s’ajuste, ne pas oublier d’entrainer ma plume devenue paresseuse, ne pas oublier ces projets qui s’entassent, ne pas oublier qu’écrire c’est vivre.
J’ai trop longtemps différé cette revue de lecture, laissant les mois effacer mes souvenirs, tels des vagues sur le sable mouillé de ma conscience. Qu’importe, je vais prendre mes aiguilles et puis broder, n’est ce pas le métier de l’écrivain ?
Je souhaitais évoquer Riverdream, un livre qui sent la sueur et les moustiques, la vase et le charbon, un livre qui prend pour cadre le Mississipi durant la grande époque des bateaux à vapeurs. J’avoue que ce n’est pas la toile de fond pourtant romanesque en diable qui m’a attiré, ni même la perspective avouée à demi mot dans la quatrième de couverture de retrouver des vampires à la conquête du nouveau monde. Non, je ne me suis fié qu’au nom de l’auteur, George R. R. Martin, celui-là même dont j’ai déjà dit tant de bien au sujet de son Trône de fer.
Pour couper court au suspens, si le romancier frise le génie dans sa saga médiévale, il se contente d’une mention passable pour le reste. Le livre décrit de manière assez prenante la vie le long du fleuve, rythmée par le passage des bateaux, signe d’une base documentaire riche, sans pour autant rendre la lecture pédante.
Après, le hic, c’est l’intrigue, ou plutôt l’absence d’intrigue. Dès la quatrième de couverture, le lecteur attentif aura flairé le thème de l’histoire. A savoir un mystérieux commanditaire qui fait affréter un bateau à un capitaine ruiné. Curieusement, ledit commanditaire pose en condition suspensive à l’accord, l’interdiction de le déranger pendant le jour, ledit commanditaire ne mange jamais avec les hommes du navire, ledit commanditaire à le teint pâle et une mémoire qui s’étale sur plus d’un siècle.
Tout le monde aura deviné qu’il s’agit d’un vampire. Non ? Tant pis pour vous, vous êtes à l’image du protagoniste principal, ledit capitaine ruiné qui refuse de comprendre l’évidence malgré les preuves qui s’accumulent.
Alors vous vous demandez pourquoi un vampire veut posséder son propre bateau et se promener le long du fleuve ? Moi aussi, je m’étais posé la question. Au risque de déflorer un secret de polichinelle, ledit vampire a trouvé le moyen de guérir ses frères de la malédiction qui les oblige à se nourrir du sang humain. Et il utilise le Mississipi comme navette pour répandre la bonne nouvelle dans le pays.
Mince comme intrigue, non ? Allez hop, j’en rajoute une autre, l’histoire du vieux vampire très très fort et très très méchant a qui ça plait de terroriser les pauvres humains en leur suçant le sang. Voilà vous savez tout, on passe 500 pages à attendre un ressort dramatique un peu plus consistant, peine perdue !
Dommage, car les personnages étaient intéressants et relativement bien campés. Dommage car George R.R. Martin aborde le mythe du vampire d’une manière assez originale et novatrice. Dommage car j’attendais franchement mieux de lui, avec son talent et ses bonnes cartes en mains, il se révèle bien mauvais joueur et ne rafle pas la mise.
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