Fringale de lecture. Après la traversée du désert qu'a représenté pour moi la lecture des Bienveillantes, j'ai besoin de me changer les idées, de jouer au touriste spatial japonais. Tous le jours de découvre un autre univers et je m'extasie, mais je ne reste jamais longtemps en place, le temps de prendre quelques photos puis je repart.
Aujourd'hui, mon bus japonais c'est arrêté devant le manège enchanté de Disneyworld. On a visité la vision du futur que présente Cory Doctorow. Dans la dèche au Royaume Enchanté, tel est le titre du livre qui m'a occupé pendant quelques heures. Même pas deux jours, c'est dire si c'était un passage express.
Bon le livre n'est pas mauvais en soi, je l'ai lu d'une traite. Mais par contre j'ai redécouvert les aspects désagréable d'une science fiction à l'ancienne. Pourtant l'auteur est tout jeune et c'est son premier roman, mais il se croit obligé pour rendre crédible son univers d'y immerger le lecteur. En effet, le point de vue du protagoniste est ancré dans son monde. Nouveaux termes, nouveaux concepts, nouvelles technologies sont utilisés sans explications et ça pique un peu aux yeux pendant les cinquante premières pages.
Au cours du livre, le narrateur nous raconte petit à petit comment le monde que nous connaissons en est arrivé là. Et enfin le lecteur peut s'émerveiller devant le bon côté de la science fiction à l'ancienne. Ces romans ou l'on découvre une utopie sociale radicalement différente de notre mode de vie, où les fondements d'une société imaginaire servent à introduire une réflexion sur le réel.
En l'occurrence le contexte de l'histoire, c'est notre bonne vieille terre dans quelques années. Une société nommée Bitchun est devenue omnipotente grâce à la technologie qu'elle propose, à savoir l'immortalité, sympa non ?
Le fondement c'est d'être capable de sauvegarder l'être humain et de le ré-implanter dans un nouveau corps, à priori un clone. Et comme la mort n'existe plus, les gens peuvent explorer les possibilités d'avoir un corps plus jeune, plus vieux ou modifié génétiquement. Dans une telle société ou tout le monde peut vivre éternellement, ou le plus miséreux peut prétendre à la vie éternelle gratuite, ou la technologie se charge des tâches pénibles, le concept même d'argent a disparu. Remplacé par la notion de whuffie qui est la grosse invention de Cory Doctorow.
Ce terme regroupe les notions de reconnaissance, de réputation et de statut social. Ce sont des points que les personnes accumulent à mesure qu'il se font apprécier par leurs concitoyens. Et plus le score whuffie est important, plus le personnage peut prétendre à des biens et des services élevés. C'est un peu comme les discothèques branchées parisiennes le samedi soir, il vaux mieux être riche et célèbres pour pouvoir avoir le droit d'entrer.
Le principe est très intéressant et mieux que ça il devient crédible. Dans un tel monde ou l'on a plus besoin de travailler pour vivre décemment, les gens travaillent pour rendre service aux autres et ainsi augmenter leur score de whuffie et ainsi s'élever dans la société. Le jeu devient encore plus intéressant lorsque des groupes de personnes s'associent sous la forme d'adhocraties pour prendre le contrôle de structures pour le bien de tous et surtout pour augmenter leur réputation commune en rendant le monde "meilleur" ou plus intéressant.
Nous suivons ainsi les aventure d'un homme s'étant investi dans les attractions du Royaume Enchanté de DisneyWorld. Le narrateur, entrainé dans un sombre complot pour la conquête du parc va tout perdre, son accès au réseau omnipotent de la société bitchum, l'amour de sa vie et sa réputation.
Voilà ce que l'on peut raconter du roman sans trop déflorer l'intriques. Passé la complexité de l'immersion du début, ça se lit bien, c'est rafraîchissant et ça mène à de vraies réflexions. Alors quoi, c'est un bon livre ? En tout cas moi je n'ai pas trop accroché. Le livre est certes intéressant mais il y aurait eu je pense beaucoup mieux à faire.
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