Des jours et des nuits qui valsent dans la musique cosmique. Leur danse céleste a de quoi donner le tournis. Quand on sait qu’un autre matin se lèvera forcément, on s’endort dans une monotonie brumeuse. On reporte au lendemain, on laisse le temps s’écouler dans l’apathie et la morosité jusqu’à ce que le sablier égrène son dernier battement de cœur.
Il en va ainsi pour la majorité d’entre nous, arrivant à la mort sans avoir vraiment vécu. Sauf pour certains élus, heureux où malchanceux choisis par la fortune.
Tel est le destin de Joseph K. en ce beau jour où un éclair déchire le brouillard de la monotonie. Le Procès de Franz Kafka débute ainsi par l’arrestation du jeune homme. Une arrestation bien singulière car les agents qui viennent l’informer de son inculpation sont incapables de lui révéler les chefs d’accusation et se contentent de le laisser vaquer à ses occupations. De fait Joseph K. n’ira jamais en prison, bien mieux enfermé par les barreaux du quotidien que par ceux d’une cellule.
La scène est brutale, dérangeante, absurde et passablement ennuyeuse, tout comme le reste du livre. L’art de la critique reste délicat quand il s’agit de donner son avis sur un chef d’œuvre reconnu comme tel par la postérité. On se dit que l’on a manqué quelque chose ou bien qu’il nous manque des neurones pour saisir la portée du texte.
A vrai dire, moi je me dédouane en affirmant que je lis des histoires. Si elles entraînent à une réflexion, tant mieux j’en sors grandi, sinon cela ne les empêche pas de rester divertissantes. C’est tout le problème de ce livre, c’est vendu comme un roman, ça ressemble à un roman, ça présente une fiction romancée, mais ça ne devrait absolument pas se lire comme un roman. Je n’y ai trouvé que la projection toxique des névroses de l’auteur sur le papier, une dénonciation par l’absurde de la justice populaire et du bon sens commun.
A la lecture, j’ai cette impression bizarre, semblable à ce jeu d’enfant qui consiste à tourner sur soi même jusqu’à s’en rendre malade et ne plus pouvoir marcher droit. Après l’arrestation de Joseph K. j’avais ainsi l’impression de tituber le long des pages, étranger à l’action du roman.
Au début, le comportement de Joseph K. est très humain, vouloir comprendre ce dont on l’accuse, essayer de comprendre le fonctionnement de la justice et d’en critiquer les mécanismes arbitraires qui la gouvernent. Même essayer d’oublier le procès est compréhensible. Et petit à petit le comportement même du narrateur devient étrange à mesure qu’il tente de se défendre, jusqu’à ce qu’enfin il accepte son destin.
Les enseignements de tout cela semblent bien cachés pour mon esprit profane, je ne peux que ranger le livre dans ma bibliothèque avec la satisfaction d’ajouter un classique à ma liste et de comprendre enfin l'adjectif "Kafkaïen". Tout le reste n’est que philosophie.
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