Une revue de lecture, c'est finalement un prétexte. Un prétexte pour parler de soi, mais aussi un prétexte pour parler tout court. Face à la mélancolique fixité d'un écran d'ordinateur, parler n'est rien, il faut écrire. Écrire pour soi bien sûr, mais surtout écrire pour une multitude virtuelle.
Voilà ma motivation profonde au travers de ce blog. Lorsque l'inspiration me fait défaut, que l'imaginaire s'enfuit, je trouve un cadre pour écrire. Commenter mes lectures récentes est généralement facile et j'aime à croire que cela contribue à affuter ma plume.
Mais voilà, de temps à autres mes lectures ne m'inspirent rien. Voilà peut être l'émergence d'un nouveau concept, l'indifférence littéraire. En parler devient alors singulièrement difficile et rédiger quelques lignes sur ce blog tiennent plus du remplissage que de l'écriture.
A chacun son fardeau, j'assumerais donc ce rôle que je me suis choisi en vous parlant des Falsificateurs de Antonio Bello.
Le roman est assez bien écrit, la prose est fluide et efficace, l'idée de base est tout simplement géniale. Mais encore une fois le traitement emmène l'ouvrage dans mon panthéon des belles idées gâchées.
Le postulat de base est qu'il est possible de modifier la réalité en manipulant l'information. Une organisation secrète, le consortium de falsification du réel, cherche ainsi à transformer ou à inventer de toutes pièces des évènements historiques afin d'orienter la marche du monde. Inventer une nouvelle espèce en voie de disparition ou bien répandre la rumeur de la première chienne dans l'espace nommée Laïka représente un sacré travail. La puissante CFR profite de l'actualité pour la manipuler, manœuvre les médias, créée de fausses preuves. Après tout, si l'on falsifie les rapports et les archives, que l'on manipule les images et les textes liés à un évènement comment la multitude n'ayant pas observé directement l'évènement pourrait elle faire la différence entre la réalité et la fiction. C'est un travail colossal car souvent l'information se répand rapidement et les sources sont multiples et insoupçonnées.
L'histoire débute donc avec le recrutement du jeune Sliv Darthunger, fraichement émoulu de l'université de géographie de Reykjavík. Rapidement, il deviendra un scénariste hors pair et gravira les échelons de l'organisation. C'est son imagination qui lui souffle les évènements à manipuler ou à créer. Seulement manipuler la réalité c'est quelque chose, savoir dans quel but c'en est une autre. C'est là le nœud de l'intrigue ne pas savoir qui il sert et pourquoi le perturbe, même si les aspects ludiques de son travail lui permettent de passer outre.
Si les aspects géopolitiques et les jeux de pouvoirs sont très bien décrits et passionnants dans le livre, au final on n'arrive pas à y croire. Je ne suis pas rentré dedans, car déjà le narrateur m'agace avec son arrière goût de premier de la classe et son goût immodéré de la compétition. Ensuite, il y a une certaine légèreté dans la façon dont le CFR confie à de jeunes recrues la possibilité de véritablement changer le monde. Enfin, une fois la dernière page tournée, le lecteur n'en saura pas plus sur le pourquoi de toute l'organisation. Et le comment se révèle souvent boiteux, j'ai la naïveté de croire que manipuler les évènements de première importance doit être sérieusement plus compliqué. Sans compter l'arrière goût malsain que propose l'histoire car après tout, sans sombrer dans la peur du complot et la paranoïa, des gros groupes pourraient parfaitement jouer à ce jeu, avec des objectifs moins innocents que la façade présentée par le CFR.
Au final, je sais qu'il y a une suite et une fin à ce livre mais je ne suis toujours pas décidé à investir dans le deuxième tome. Ce livre va se certainement prendre la poussière dans la bibliothèque anarchique de mon esprit au côté du Tueur de temps de Caleb Carr qui exploite le même concept génial de manipulation de la réalité sans réussir non plus à transformer l'essai.
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