Il fait beau aujourd’hui et pourtant je paresse à la maison. Retenu par la conscience aigue de ces milles choses à faire. Milles petites corvées de la vie quotidienne comme autant de boulets pour entraver ma résolution d’en accomplir une seule.
Mettre à jour ce petit blog et rattraper un retard chronique dans mes revues de lectures en fait partie. Alors me voici coincé devant l’ordinateur alors que le soleil brille. Tant pis pour vous. Je vais parler de la mort et de la manie de la grande faucheuse de couper le fil de nos pauvres existences. La plupart du temps, la fin de nos vies anonymes n’affectent pas la marche du monde et les échos s’arrêtent bien vite. Il en va autrement lorsque la gloire et la célébrité ont illuminé le pauvre défunt. C’est alors que les médias s’emparent de la tragédie pour faire remonter à la surface les bulles de la mémoire et que des milliers de philistins découvrent les faits des grands hommes.
C’est ainsi que j’ai appris la mort de Maurice Druon, pour moi l’un de ses poussiéreux écrivains d’avant guerre. Le nouvelle ne m’a pas trop touché jusqu’à ce je fasse le rapprochement avec son œuvre majeure sur les rois maudits. Dans mon esprit c’était surtout une série télévisée populaire dont je m’étais promis de visionner le remake récent. La saga des rois maudits est également l’une des sources d’inspiration des chroniques du trône de fer dont je suis friand.
Le coup de projecteur de la mort aura fini par me décider à acheter les premiers livres de la saga, à savoir le roi de fer, la reine étranglée et les poisons de la couronne.
L’ouverture du premier livre donne le ton avec la fin du procès des templiers et l’annonce du jugement de Jacques de Molay. L’un des hommes les plus puissants de son temps réduit aux haillons d’un prisonnier commun après sept ans d’un procès inique et calculé. Sur le bûcher le grand maître aurait prononcé une malédiction restée célèbre :
Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !
Cette déclaration est probablement fausse. Mais elle donne le thème de la saga des rois maudits. Page après page, nous seront captivés par le destin funeste des derniers capétiens. Entre adultère et empoisonnement, cabales et complots la famille royale va s’éteindre rapidement. C’est dramatique, mais c’est un vrai régal à lire.
Malheureusement, la qualité de l’écriture est inégale entre les chapitres, du soporifique au burlesque on se demande si c’est le même auteur qui a écrit l’ensemble. La rumeur voudrait que non et que Maurice Druon ait réuni des collaborateurs pour sa saga. Malgré tout l’ensemble reste très bon et l’on oublie vite les chapitres un peu légers.
Moi qui affectionne les sombres machinations politiques et les trahisons en tout genre, je n’ai pas été déçu. Quel frisson de penser que la richesse de l’intrigue et les sommets du drame sont inspirés par notre passé. La vocation pédagogique d’un tel ouvrage n’est pas non plus laissée de côté. Comprendre les bouleversements politique et sociaux de l’époque donne une lumière passionnante sur nos institutions actuelles. Dans ce livre on découvre véritablement comment notre pays s’est créé. D’autant plus qu’une riche collection de notes historiques et biographique nous immergent dans l’époque, sans rendre la lecture pesante.
Je me suis arrêté au bout du troisième tome parce que l’on m’avait prévenu que la suite était moins intéressante et j’avais d’autres priorités sur ma pile de lecture.
Mais j’y retournerais un jour, c’est forcé.
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