jeudi, juin 05, 2008

Lindbergh survole le mois de mai avec son complot contre l'Amérique

On le qualifie de joli ce mois de mai, les fleurs qui s'épanouissent, les jours qui rallongent et le soleil printanier qui sème la joie sur nos visages. La joie du mâle qui se régale des jupes courtes qui fleurissent sur les trottoirs, la joie de la femelle qui peut épuiser les défenses naturelles de sa peau en l'exposant aux ultraviolets.
Cette année point de mini jupes ou de bronzage à croquer. Le joli moi de mai a ramené sa suite grisaillante de nuages sombres, d'orages et de pluies impromptues pour calmer les ardeurs incendiaires des premiers barbecues dominicaux.
Du coup, moi qui me régalait d'une accalmie professionnelle pour retourner caresser les nuages sous ma bâches multicolore ben je suis resté au travail et j'ai pu profiter des longues pauses ferroviaires pour lire un peu.

Mon compagnon des transports ce mois ci s'appelle Le Complot contre l'Amérique de Philip Roth. Je viens de le terminer ce matin, et alors que je m'apprête à en faire une petite critique, je m'aperçois que je n'ai pas grand chose à en dire, ni en bien ni en mal. Quel ennui à la mesure de la météo extérieure.
Non que l'on s'ennuie particulièrement en lisant ce livre, juste qu'au final on en retire pas grand chose. Si ce n'est c'est ce sentiment diffus d'avoir été floué, trahi par l'auteur qui nous promet une autobiographie de sa petite enfance. En effet, l'autobiographie n'est qu'un prétexte pour mettre en place une uchronie magistrale sur les années 40 dans les états unis d'Amérique. On y découvre le destin des juifs d'Amérique dans l'enfer d'une victoire présidentielle du célèbre aviateur Charles Lindbergh vainqueur de la première traversée de l'atlantique en solitaire. L'aigle solitaire n'est en fait qu'un antisémite virulent et isolationniste, ce qui au passage après quelques vérifications est absolument vrai. Il remporte donc les élection de 1940 face à Roosevelt sur la promesse de tenir les Etats Unis à l'écart du conflit sanglant européen. Sitôt élu, il tient sa promesse en signant des pactes de non agression avec Hitler et l'empereur Japonais. Mais cette paix relative se fera au prix d'une terrible trahison envers les communautés juives.
Fort heureusement (ou pas) le livre n'est pas trop contaminé par cette noirceur, il expose les jeunes années de l'auteur, gamin juif dans ce contexte difficile. Mis à part à la toute fin du livre, les juifs ne font gère l'objet des atrocités qui sévissent en Europe. Point de pogrom en vue au pays de l'oncle Sam, juste une banalisation de l'antisémitisme et une réduction progressives des droits de l'homme, enfin surtout des droits des enfants d'Israél.
La famille de l'auteur fait face aux évènements dans une révolte tranquille et continue de vivre sa vie alors que l'étau se resserre autour de leur libertés. Une des choses qui m'a marqué, c'est l'intelligence et le recul impossible du narrateur. On veut bien que le gamin soit doué et que la guerre fasse grandir plus vite, mais l'auteur fait preuve d'une sagesse qu'on ne rencontre même pas chez la plupart des adultes.
J'imagine que de l'autobiographie, Philip Roth à tiré suffisamment d'éléments pour donner un ton vrai à son histoire. Il a entremêlé une réalité documentée et une analyse redoutable de son époque,
à des hypothèses probables sur le comportement des personnages publics impliqués tout en dissimulant les ingrédients piquants de la pure fiction. A tel point que j'en ai douté de mes maigres connaissances de l'histoire américaine et que j'ai vérifié, deux fois (plus une troisième dans les annexes du livre) que non, Lindbergh n'avait jamais été président des états unis.

Au final, c'est je pense un bon roman, bien écrit mais sans être exceptionnel. L'uchronie qu'on nous présente est crédible. La psychologie des personnages est riche et complexe. On en découvre beaucoup sur la vie et l'histoire des états unis d'Amérique et la vie dans les années 40 et aussi sur la condition juive.
Mais bon, voilà, je n'ai pas plus accroché que cela. C'est long, ça manque parfois de rythme, ça ne prend que rarement aux tripes, les références historiques des faits et gestes des personnages de l'époque me sont trop inconnus pour démêler le vrai du faux. Fort heureusement, Philip Roth nous livre ses sources en annexe , il nous brosse la vie réelle des personnages existants et nous dépeins un autre visage de Charles Lindbergh au travers de ses discours dans America First (groupuscule antisémite et isolationniste ayant eu quelque succès au début des années 40).

Hop, voilà que je laisse la sérieuse Côte Est des années 40 pour traverser l'Amérique en attaquant les années 70 sur la Côte Ouest avec les Chroniques de San Fransisco d'Amistead Maupin. Changement radical d'univers. J'espère que maintenant que mai est parti, le soleil pourra revenir.

Un oiseau sous la pluie.

jeudi, mai 29, 2008

Un oiseau dans le miroir

La vérité est parfois triste à entendre. Il faut se résoudre à l'évidence, seul et sans armes. J'ai dépassé la trentaine et le destin d'Alexandre ne m'est pas promis. Je ne suis ni mort, ni célèbre, c'est à peine si une modeste centaine de personnes ont entendu parler de moi.

Il est donc emminement probable que personne ne ce soit donné la peine d'écrire ma biographie. Il faut dire, que le lecteur potentiel n'y trouverait qu'ennui et bâillements. Et pourtant, dans le cadre d'un appel à texte, j'en ai besoin. Soit ! On est finalement jamais mieux servi que par soi même. Alors pour remplumer mon petit ego maladif, je vais m'y mettre. Et comme l'exercice de style qui m'est demandé est relatif à l'écriture, je vais l'orienter dans ce sens.


Il semblerait que trente et une bougies, cela ne soit pas suffisant pour attraper dans les filets de la morne réalité le sourire d'un gamin rêveur. Ma vie jusqu'ici a suivi les courants soufflés par l'opportunité et le besoin si tant est qu'elle ne présente à première vue que peu d'intérêt. Sauf que je suis un super héros. Bon, je sais bien que le manuel des super héros nous apprend dès la première page qu'il ne faut surtout pas révéler notre double vie. Mais tant que nous sommes entre nous, je suppose que je peux faire une incartade au règlement.

Le jour, je sers la science et c'est ma joie. Enfin tant que mon employeur en reste persuadé ça m'arrange. Parce que pour tout vous dire, je perçois plus mon travail comme alimentaire. Il ne s'agit pas de jouer à l'alchimiste en versant des substances colorées pour faire réagir des éprouvettes obscures ni même d'arborer la blouse du savant fou pour changer le monde avec des inventions géniales. Non, ma science sans conscience s'occupe plutôt de caresser des rongeurs en plastique et de psalmodier des incantations sur la surface vitrée d'une boite rétro éclairée par des milliers d'électrons. Enfin bref, si mon titre honorifique de docteur me donne l'illusion de la gloire, force m'est de constater que mes collègues n'en tiennent pas compte. Et que ma vie au sein de cette grande entreprise de télécommunication colorée semble bien terne.

La nuit, je laisse tomber le masque du scientifique froid et sérieux pour revêtir mon collant multicolore et ma cape de super héros de l'imaginaire. J'ai longtemps sauvé le monde dans des univers pixellisés ou bien en lançant des dés aux dimensions non euclidiennes pour tracer ma route au milieu des donjons et des dragons. J'ai beaucoup trop lu pour rester sain d'esprit. Voici qu'aujourd'hui, je caresse l'espoir de faire chanter la plume. Après tout l'écriture offre une commodité remarquable, c'est beaucoup plus facile de sauver le monde quand c'est vous qui l'avez créé.

D'où ma modeste contribution du jour.

jeudi, mai 15, 2008

Une traversée de l'été en quelques lignes chrono !

Un oiseau de passage express pour commenter La traversée de l'été de Truman Capote. Acheté à la va vite dans le rayon littérature anorexique d'un supermarché de seconde zone, vite lu et certainement vite oublié.

Ca faisait longtemps que je voulais lire cet auteur et lorsque j'ai trouvé un petit opus de 150 pages, je me suis empressé de le prendre. Il m'aura duré deux jours, pressé que j'étais de m'en débarrasser.

Il faut dire que le thème central frise déjà le cliché , les amours contrariées et banales d'une riche héritière et d'un modeste employé de parking durant un été caniculaire dans le New York du début des années 40. Il ne se passe rien de bien palpitant, et de grande ellipses rendent le suivi de l'intrique chaotique.

Certes, ici où là traînent des métaphores ou des images évocatrice, certes le style est parfois admirable. Mais bon c'est bien peu.

La seule chose intéressante de se livre c'est son histoire, comment il avait été refusé par l'éditeur il y a bien longtemps et retrouvé par hasard il y a tout juste quelques années lors d'une vente aux enchères.

Après réflexion, je n'ai rien d'autre à en dire. Il faudra que je me fasse un avis sur le célébrissime Truman Capote avec autre chose et ne pas le juger à ce seul roman de jeunesse assez quelconque.


Un oiseau déjà reparti


mardi, mai 13, 2008

Harry et Millénium au pays des meilleurs vendeurs...

La sagesse populaire vante les mérites des petits ruisseaux qui forment les grandes rivières. Mais j'ai peur qu'avec cette modeste revue de lecture, le filet de ma voix se dilue complètement dans le fleuve des critiques littéraires. Car tout a été dit ou presque je pense sur les deux livres que je m'apprête à commenter. Quelques heures à peine après leurs mise en vente, c'était déjà des best-sellers.

Mais bon pour m'appuyer sur la béquille de la mémoire qu'est ce petit journal, je vais quand même présenter mon avis.


Harry Potter et les reliques de la mort, tel est le titre du dernier livre de J. K. Rowling, dernier opus des aventures du collégien le plus célèbre au monde. J'avoue que si les sirènes publicitaires ne m'ont pas attrapées dans leurs filets, plus d'un an après la parution du livre, j'ai commencé la lecture avec une certaine impatience, et de grandes espérances.

Cette saga m'avait vraiment parue enfantine et caricaturale à l'extrême au début, ne méritant pas du tout l'immense succès qu'elle avait obtenue. Petit à petit, malgré son côté manichéen et simpliste, je m'était attaché à cet univers qui, au fur et à mesure des romans devenait plus sombre, plus mature. La promesse d'une lecture qui grandissait avec ses lecteurs semblait tenue.

Que d'attente donc pour la conclusion d'une telle oeuvre. Le grand méchant définitivement de retour, les prémisses d'une gigantesque guerre, la disparition de l'un des personnages principaux. Et pour faire court, ces ambitions définitivement clouées au pilori de la médiocrité commerciale. J'ai plus l'impression que l'auteur a rédigé son livre sous la pression publique et commerciale que sous l'emprise d'une quelconque inspiration. Les muses devaient être en grève.

Le rythme tout d'abord, il est définitivement raté, oscillant entre de grandes périodes ou il ne se passe rien et des catastrophes impromptues résolues à la va vite. Si c'est pour faire monter l'angoisse, bof. Supporter 200 pages d'adolescents qui font du camping n'a rien de bien excitant.

L'intrigue ensuite, elle est plate. L'objectif des protagonistes étant de trouver une collection d'objets magiques les horcruxes. A cette première quête, digne d'un mauvais jeu vidéo des années 80 se greffe de manière absurde la quête secondaire des fameuses reliques de la mort. D'autres objets magiques qui au final n'ont qu'un rôle minimal et une inutilité absolue. Chaque objet constitue une énigme à résoudre. Une énigme inintéressante et résolue par une succession d'intervention quasi divine. D'ailleurs lorsque les personnages sont en danger, ils sont également sauvés par un malheureux deus ex machina.

Pendant ce temps là, tandis que les personnages principaux jouent aux joyeux campeurs, le reste du monde s'enfonce dans l'horreur. Les sombres magiciens alliés du seigneur des ténèbres ont les moyens de dominer le monde des simples mortels et la situation des moldus ou des magiciens de sang mêlé ressemble singulièrement à celle des juifs lors du début de la deuxième guerre mondiale. C'est un autre problème du livre, l'ambiance. On s'ennuie germe, le côté Disney de le romancière l'empêche de distiller correctement la noirceur de la situation. Quelle dommage avec cette toile de fond dramatique. Pendant ce temps là, le grand méchant joue au globe trotter. C'est une menace tellement lointaine que le lecteur s'en désintéresse totalement. Même lorsque les amis des héros sont touchés, le lecteur ne parvient pas à s'en émouvoir.

Enfin bref, pour ne pas dévoiler la fin du livre, je n'en dirais pas plus. Tout est que le final est loin d'être à la hauteur des dix ans qu'il aura fallu pour l'écrire.

Pour ne pas trop noircir le tableau, je me contenterais de finir sur une note positive. Au travers de cette saga, Harry Potter m'a convaincu d'une chose, la magie existe. Il suffit d'y croire pour que le temps d'une lecture on se retrouve projeté dans un monde imaginaire créé par les sortilèges de quelques grammes d'encre.


Je ne m'étendrais pas trop sur le deuxième livre, car c'est le premier tome d'une trilogie dont je ne lirait certainement jamais la suite. Il s'agit de Millenium de Stieg Larsson. Une série suédoise qui aura fait couler beaucoup d'encre. J'ai donc lu le premier tome Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, quelle déception.

C'est vrai que c'est un bon polar avec une chouette intrigue, même si celle-ci met du temps à s'installer. Un excentrique milliardaire qui embauche un journaliste économique en disgrâce pour enquêter sur une disparition mystérieuse survenue quarante ans plus tôt. Une étrange jeune femme au passé obscur viendra l'assister dans son travail d'investigation sur l'une des plus puissantes familles industrielle de suède.

Les personnages, sans être exceptionnels sont intéressants et détaillés. Le contexte est crédible enfin bref, tout pour faire une bonne histoire.

Mais voilà tout le problème, c'est affreusement mal écrit et probablement mal traduit. Par exemple la familiarité dans les discours est désagréable. Effet de la traduction ou bien différence avec la culture suédoise ? L'auteur ne sait pas décrire un paysage ou une situation, il ne sait que présenter l'action. Il n'y a aucun effort dans l'écriture, aucune preuve de style. Enfin bref ce livre ne me fait pas rêver, ne titille pas mon imaginaire.

Ce se lit très bien, ça captive l'intérêt du lecture mais ce n'est au final qu'un roman de gare qui est bien loin de mériter son succès.


Voilà tout pour aujourd'hui.


Un oiseau effaré devant les goûts étranges des masses consuméristes





jeudi, avril 10, 2008

Découverte d'un étrange objet littéraire non identifié...

Les extraterrestres existent. C'est comme à mon habitude lors d'une après midi pluvieuse, flânant entre les étagères débordant de mots figés sur le papier, à la recherche d'un raccourci vers l'imaginaire, que je l'ai rencontré.

Il était là, dominant fièrement les autres livres sur le rayonnage avec sa tranche noire et sa couverture intrigante et fractale d'Eric Scala. La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski, tel était le titre du livre. J'en avais bien sûr entendu parler sur internet.

Un objet étrange, un véritable roman interactif, une énigme pour le lecteur attiré comme le papillon par la bougie. La flamme m'a bien sûr brûlé et c'est en faisant chauffer la carte bleue que je repartis de la librairie l'ouvrage sous le bras.

Le début de ma lecture fût un émerveillement. Un emboîtement infini des poupées russes par les mises en abîme successives donne le vertige. Il est impossible de raconter l'histoire en deux mots, mais je tient quand même à essayer. Le roman nous raconte donc l'histoire d'un livre, La Maison des feuilles écrit par un mystérieux vieux bonhomme , un ouvrage qui se pose un essai critique d'un film, le Navidson Record, mi documentaire tourné par un photographe talentueux. Ce photographe nous présente sa maison dans laquelle il vient d'emménager et qui très rapidement se révèle étrange. Avec de nouvelles pièces et des couloirs qui apparaissent et qui défient les lois de la physique. La maison qui s'ouvre vers un univers radicalement ténébreux, succession de couloirs et de salles sombres, sinistres et vides dont la géométrie change perpétuellement et dont les dimensions sont infinies. Si le livre s'attarde souvent sur les détails de couleurs, de texture et de mise en lumière du fil, c'est pour le moins paradoxal étant donné que l'auteur fictif est aveugle.

L'histoire commence alors qu'un protagoniste, Johnny découvre ce livre à la mort (suspecte) du vieil écrivain et décide de le lire, puis happé par ses mystères, entreprends de l'annoter. On trouve donc entremêlées dans le livres ses notes personnelles qui relatent sa vie et la manière dont le livre s'empare de lui et lui fait découvrir le monde d'un oeil nouveau. Très rapidement, le passé du jeune homme se révèle également trouble et la folie le rattrape.

Et les mises en abîme ne s'arrêtent pas là, bien au contraire! Mais je ne peut révéler ici les autres éléments car ils pourraient gâcher la découverte du lecteur potentiel.


Ce qui est admirable et vraiment inhabituel, c'est qu'outre le fond, l'auteur (le vrai Mark Z. Danielewski) joue avec la forme. Outre le texte de l'auteur imaginaire, on trouve de fréquentes notes bibliographiques plus ou moins réelles ou pertinentes, les notes en bas de page de Johnny qui constituent parfois des chapitres entiers ou encore des remarques étranges de la part des mystérieux éditeurs. La mise en page est parfois fantasque, des passages sont barrés, des passages sont vides, le mot Maison est systématiquement coloré même lorsqu'il apparaît dans d'autres langues, des expressions sont soulignées ou italiques. Même dans la page, l'ordonnancement des mots devient vite facétieux, certains passages sont à lire dans un miroir, d'autres imposent fréquemment de retourner le livre dans tous les sens, certaines pages ne contiennent que quelques caractères alors que d'autres sont couvertes d'un texte qui dessine des motifs en ombres chinoises.

A vrai dire, je me suis même parfois demandé s'il ne fallait pas regarder certaines pages vides sous la flamme d'un briquet, des fois qu'ils ne dissimulent pas de l'encre sympathique.

Enfin bon, je pourrait passe des heures à énumérer toutes les bizarreries de ce livre.


A mesure que l'ont s'approche de la fin le texte devient de plus en plus difficile à comprendre et pénible. Des énigmes saupoudrent les dernières pages, comme dans cet endroit il il faut prendre la première lettre de chaque mot pour reconstituer le message, ou bien extraire du sens dans la disposition incongrue des majuscules.


C'est comme ça que j'ai terminé le livre, sur un sentiment désagréable et frustrant d'être passé à côté de la vérité, de ne pas avoir compris. Toutes ces choses restent qui sans réponses et finalement. Il faudra peut être que je le relise, mais pour l'heure je n'en ai pas le courage.


Mais il me reste quand même la sensation d'avoir vécu une expérience incomparable, d'avoir rencontré les extraterrestres tranquillement à bouquiner dans mon train. Quelle extase que ce roman d'horreur expérimental. Accrochez-vous, la Maison des feuilles n'attend plus que vous.


Un oiseau noyé sous les feuilles

dimanche, mars 23, 2008

Des trains et des pages...

Encore une petite revue de lecture, motivée par mon temps passé dans les transports. Il faut dire que ma conscience écologique secondée par des préoccupations bassement financières m'ont fait préférer le train à la voiture. Comme le trajet pour me rendre au travail et en revenir me prend plus de deux heures tous les jours, j'ai largement le temps d'assouvir ma soif de lecture.

Mon premier compagnon de train, ce fût un livre acheté au hasard de mes pérégrinations consommatrice dans ces temples de la culture des masses, sous le soleil des néons déprimants. L'ouvrage s'appelle l'Ombre du vent et son auteur espagnol, un certain Carlos Ruiz Zafón m'était jusqu'alors inconnu.
Dans ce livre, c'est la couverture en tête de gondole qui a tout d'abord attiré mon regard. Une magnifique photo en sépia au grain prononcé qui représente un homme et un jeune garçon qui s'avancent le long d'une avenue déserte. Attiré comme un papillon par la lumière, je regarde la quatrième de couverture et me voilà conquis. On nous présente l'histoire d'un petit garçon qui découvre un lieu mystérieux, le Cimetière des Livres Oubliés. Dans cette bibliothèque des livres à l'index, il y découvre et adopte un ouvrage, l'Ombre du vent. Et toute sa vie se verra chamboulée par cette lecture.
J'ai véritablement été subjugué par ce livre qui nous raconte le passage de l'enfant vers la vie d'adulte et ses aventures dans le Barcelone d'après guerre. Une histoire captivante autour du personnage mystérieux de Julian Carax, l'auteur de l'Ombre du vent dont le narrateur essaye de comprendre le destin et les secrets. L'écriture est admirable, simple et élégante, innovante et efficace. Dans ce livre on parle beaucoup de littérature ce qui m'attire toujours, mais on retrouve aussi le suspense d'un bon polar. Même le côté romantique m'a séduit, les passions se nouent, les coeurs se brisent tandis que le danger guette à chaque instant.
Après mes précédentes lectures médiocres ou tout juste passables, j'ai découvert ce livre par hasard. Sans être une révélation, c'est un véritable bijou. D'ailleurs je le conseille chaudement.

Ce n'est pas le cas du deuxième livre dont je vais parler. Cela fait bien longtemps que je cherchais à lire le cycle de La roue du temps de Robert Jordan. Je la cherchais sans grande conviction il faut le reconnaître, mais j'ai finit par le trouver. J'ai donc acheté le premier tome et je l'ai lu, quelle déception.
Je ne m'explique vraiment pas le succès qu'a pu avoir l'auteur. Tout d'abord c'est très mal écrit ou bien mal traduit, certainement un mélange des deux. Les quelques fulgurances de style sont prétentieuses et incongrues au milieu de la fange littéraire. Mais plus grave encore que d'être mal écrit, le principal défaut de ce livre est de ne pas savoir raconter une histoire.
Ou plus exactement de ne pas être capable d'inventer une histoire nouvelle. J'ai eu en le lisant la désagréable impression de retrouver uns seigneur des anneaux plagié par un tâcheron médiocre.
Dans cette histoire on retrouve tous les poncifs de la littérature fantastique. Le démarrage sur les chapeaux de roues par un danger tout autant mortel qu'imprévu qui s'abat pile poil sur la tête de nos futurs héros. Parlons en de ces 'héros', comme d'habitude ce sont des jeunes gens au sortir de l'adolescence, chapeautés par des personnages hauts en couleurs. Le tout forme l'équipe habituelle ou tout le monde est exceptionnel et complémentaire. On dirait une équipe de de jeux de rôle, hop un guerrier, une magicienne, un troubadour aux talents de voleur, une prêtresse et nos fameux gamins. Ces gamins touchés par une prophétie qui annonce la fin du monde. Bien entendu, la prophétie raconte aussi des histoires de héros à venir aux pouvoirs extraordinaires qui sont le seul rempart contre les ténèbres. Le voyage qu'accompliront ces enfants au bout du monde sera leur rite de passage vers l'âge adulte, vous l'avez bien deviné, ce sont effectivement les gamins qui doivent sauver le monde. Là dedans, on retrouve les habituelles auberges avec leurs taverniers bonhomme et courageux, les traîtres et leurs trahisons dramatiques, et enfin les armées du mal qui traquent notre équipe. Encore quelques poignées de lieux de légendes, de séparation dramatique du groupe et quelques inspirations mythologie et voilà. Vous avez la Roue du temps de Robert Jordan.
Heureusement que de tels livrent existent, ils ont au moins le mérite de donner du contraste et de faire briller la bonne littérature.

D'ailleurs j'y arrive. Comme je garde le meilleur pour la fin, je vais maintenant vous parler de L'élégance du Hérisson de Muriel Barbery. Encore un achat fait au hasard, décidément le hasard a bien fait les choses avec cette sélection.
Ce genre d'ouvrage me fait d'habitude fuir. Vous savez ce dont je veux parler. Mais si, à partir de la rentrée c'est toujours le même cirque. Renaudot, Goncourt et autres Fémina qui paradent. On les reconnaît facilement dans les librairies. Tout d'abord car comme ils ont été couronnés, ils trônent véritablement sur le devant de la scène. L'uniformité de toutes ces couvertures beiges ou blanches d'une rare sobriété brisée invariablement par une banderole rouge pour annoncer triomphalement le nom du prix que le livre arbore.
Contrairement à mon habitude, j'ai donc acheté l'un de ces ouvrages, l'élégance du Hérisson, prix des libraires 2007.
Et je n'ai vraiment pas été déçu. Le thème de l'histoire pourrait paraître banal à première vue. Les destins croisés d'une concierge et d'une jeune adolescente, fille de bonne famille qui habitent le même immeuble. Mais ça devient intéressant à partir du moment ou l'on réalise que ladite concierge est dotée d'une érudition rare et se cache pour assouvir sa soif de culture. Tandis que la fillette est une surdouée qui face à la vacuité du monde dans lequel elle doit grandir prend la décision de se suicider le jour de ses treize ans.
Ca parle de littérature, de culture en général et présente d'intéressantes réflexions sur la philosophie la société ou la beauté.
Ce livre était un régal, agréable à lire, qui amène à réfléchir sur le monde. L'un de ses bouquins dont on sort grandi.

vendredi, mars 07, 2008

Un oiseau Grenoblois...

On la surnomme la capitale des Alpes. C'est vrai que pour la France il n'y a guère qu'Annecy qui pourrait rivaliser à ce titre. Si la ville est très agréable à vivre et économiquement très active, elle est surtout merveilleuse pour stimuler l'imaginaire. Voici donc mon petit carnet de notes au cas où j'écririais un jour une histoire basée à Grenoble.

Derrière la carte postale fameuse qui présente le téléphérique avec ses petites cabines rondes, les oeufs comme les surnomment les Grenoblois, aux abords de l'isère qui s'écoule indolente, sous la vieille cathédrale notre dame et dans les montagnes enneigées bien des secrets, des passions et des conflits couvent.

Tout d'abord il y a les gens. Après avoir vécu une grande partie de ma vie en région parisienne ou à proximité des grands centres universitaires, c'est à Grenoble que j'ai découvert le sens du mot cosmopolite. Dans cette ville on croise les ethnies, les peuples et les communautés les plus diverses. Un détour dans n'importe quelle grande surface permet de s'en rendre compte. Je ne pourrais jamais terminer une liste de toutes les nationalités que j'ai pu apprendre à connaître en quelques années. On peut cependant remarquer que l'une des communautés les plus importantes est celles des Italiens et des Siciliens, mais j'y reviendrais plus tard. Malgré une certaine froideur au premier abord et la haine ordinaire pour tous ces 'étrangers', les pauvres du sud de la ville qui viennent piquer le travail aux braves Français, mais aussi les riches dans la vallée du Grésivaudan qui font monter les prix. La plus large part de la population est jeune et ouverte d'esprit. A bien y réfléchir les purs Grenoblois installés dans la région depuis plus de deux générations que je connais se comptent sur les doigts d'une main. Grenoble, une ville de passage et de mélange par excellence.

Géographiquement, la ville se compose comme cela.
Au nord on trouve les quais de l'Isère, une bande étroite de terre entre l'eau et la montagne surplombée par la forteresse de la Bastille. Cette zone interpelle le visiteur de passage car le long de la petite route, les pizzerias sont accolées les unes aux autres. Je ne les ai jamais comptées mais on dépasse facilement la dizaine, amassées au même endroit. Elles sont pour la plupart ouvertes tous les soirs, mais la cuisine est médiocre. Apparemment il existe d'autres raisons qui justifient leur présence, de là à envisager un scénario maffieux de blanchiment d'argent il n'y a qu'un pas, facile à franchir. Surtout qu'une dizaine d'années plus tôt, la ville était tristement célèbre pour ses règlements de compte en pleine rue. Une copine a même assisté à une fusillade juste sous ses fenêtres.
Comme je l'ai déjà dit, il y avait beaucoup d'Italiens en ville. Je me souviens notamment d'une soirée très sympathique au milieu d'une assemblée de Siciliens, entre les guitares, les chants et les éclats de voix, je me serais cru dans un film. On célébrait les trente ans d'une amie et les moeurs de la famille traditionaliste et religieuse m'ont impressionné. La fille en question, mariée avec un enfant fréquentait plus qu'assidûment l'église. Quand à ses deux soeurs, dévôtes elles aussi, célibataires et dotées d'un physique à se damner se réservaient pour le mariage (moi qui croyait que ce genre de chose n'existait encore que dans les livres). Bon techniquement vu que ces braves gens étaient de confession protestante, cela exclue de facto une quelconque appartenance à l'honorable société. Il n'empêche que cela stimule l'imaginaire.

Le sud de la ville coincé le long de la rocade présente les anciens quartiers olympiques ou la plupart des immeubles ont été recyclés à la va vite pour fabriquer à tour de bras du logement social avec les résultats déplorables de ghetto que l'ont imagine. Des bandes violentes se sont créées, comme les événements de l'an passé l'ont encore prouvé. Il est presque souhaitable que le grand banditisme persiste en ville, cela tempère les ardeurs. On trouve par la bas de véritables zones franches, des rues où l'ont craint de s'aventurer même en plein jour. Des rues ou des bâtisses sont écroulées sur l'asphalte de la route, ou les débris de voitures brûlées restent sans que personne ne se préoccupe de les enlever. Ce genre d'endroits ou personne ne vous entendra crier.
Si l'on descend encore un peu vers le sud (la fameuse route Napoléon qui mène à Gap, Sisteron) on arrive dans les usines chimiques de Pont-de-Claix qui défigurent le paysage mais aussi produisent du Chlore, de la Javel et autres joyeusetés (vous voulez du phosgène par exemple, y en a aussi). Le plus drôle là dedans c'est qu'il y a de nombreux merdoduc non protégés et pas vraiment entretenus pour transporter ces substances hautement toxiques sur des kilomètres. Les explosions et autres accidents plus ou moins graves sont monnaie courante dans le coin. Enfin bref, à côté du sud de Grenoble, AZF fait figure de dînette pour enfants.

A l'ouest de la ville (sur la route qui vient de Lyon), coincée entre le le Drac et l'Isère on trouve la fameuse zone de recherche Minalogic sur les nanotechnologies, les biotechnologies et les technologies pour la santé à la pointe de la recherche mondiale. En survolant la ville, on remarque bien le site grâce à son accélérateur de particules, le synchrotron et son anneau caractéristique. Le commissariat à l'énergie atomique a entrepris cette reconversion de la recherche vers les nanotechs et la santé que très récemment. Il y avait dans le parc six installation nucléaire de base (INB) qui ont commencé leur démantèlement depuis 2006 seulement (le site doit être assaini pour 2012). Pour alimenter encore un peu les inquiétudes scientifiques, on trouve aussi à Grenoble une partie du laboratoire P4 de Lyon (ce labo chargé de travailler sur les virus les plus dangereux de la planète).

A l'est de Grenoble, on change d'univers. D'un côté de l'Isère, le campus universitaire et la ville communiste de Saint Martin d'Hères (seconde ville du département). De l'autre côté se trouvent les quartiers riches, l'immense centre hospitalier universitaire et adossées à la Chartreuse, les demeures des nantis. On trouve aussi la plupart des acteurs majeurs de la recherche sur les nouvelles technologies de l'information dans ce début de la vallée du Grésivaudan (vallée qui file vers Chambery et Albertville). On surnomme d'ailleurs cette zone la Silicon Valley Française. Tel la marée, l'économie monte et descend dictant notamment les différentes folies spéculatives (bulle immobilière par exemple, marché de l'emploi, salaires). Une récession aurait des conséquences désastreuses sur toute l'économie de la région.

Le centre ville, je ne m'y attarderais pas trop. Il faut le dire tout net, la ville est assez laide. Mais les très nombreux parcs et squares permettent d'y vivre très agréablement. Sans compter que comme le disait Stendhal, au bout de chaquee rue, une montagne. Parlons-en des montagnes, car elles sont remarquables. En à peine quinze kilomètres autour de la ville les routes s'arrête et la nature redevient sauvage. A l'ouest, on trouve les Hauts plateaux du Vercors, terres rocailleuses et arides, ses gorges 'profondes', ces glaciers souterrains et ses grottes. Haut lieu de la résistance, berceau de l'alpinisme et de l'escalade ou plus récemment lieu du barbecue de l'ordre du temple solaire. Au nord, la Chartreuse, massif verdoyant et bucolique qui à donné son nom à l'ordre des pères Chartreux (et accessoirement au digestif fabriqué par lesdits curetons). Au sud est, on trouve Belledonne, un massif au caractère alpin plus marqué, les sommets atteignent presque les trois milles mètres. On y trouve des glaciers et et des lacs d'altitude. Il existe bien des fameuses légendes sur les lacs du Dauphiné. Je pourrais évoquer notamment du fameux lac noir et de son îlot central qui émerge les années de sécheresse. Quiconque pose le regard sur cette île perd la vue selon le mythe. J'y ai notamment fait une ballade dans l'été 2003, je n'ai pas vu d'îlot.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur Grenoble, mais mes idées s'emmêlent. Je vais donc terminer par une liste à la Prévert de petites choses qui ont marqué mon imaginaire comme source d'histoires...

On m'a prétendu un jour que Grenoble était une ville soumise aux sept risques majeurs. Je serais incapable de dire ce que ça veux dire mais c'est vrai qu'à y réfléchir la catastrophe menace. C'est une zone sismique. La configuration des vallées permet d'y créer des tempêtes violentes. J'ai évoqué à mi mot les risques liés au nucléaire, à l'activité biologique ou aux accidents chimiques. Mais il y a aussi le risque d'inondation, Grenoble étant une ville remarquablement plate et de basse altitude elle est entièrement en zone inondable (les crues de l'Isère ou bien les nombreux barrages hydroélectriques pourraient mener au drame). Bien entendu la région montagneuse est régulièrement sujette aux éboulements et autres coulées de boue. Et bien sûr il y a la pollution. La ville est dans une cuvette, les usines rejettent pas mal et Grenoble représente un carrefour naturel. L'été, les conditions anticycloniques favorisent les couches d'inversion à basse altitude et au dessus de la ville se dessine une sorte de smog, particulièrement visible en montagne. La ville est donc polluée, c'est vrai. Une légende urbaine la présente comme l'une des plus polluée d'Europe, c'est faux (tout ceux qui seront par exemple allés à Athènes peuvent le démentir). L'anecdote veut que ce fût l'une des premières villes à voir son niveau de pollution observé par des capteurs. Parmi l'échantillon des trente villes observées à l'époque, c'était vrai et cette sinistre réputation lui est restée.

Il fait très chaud l'hiver et très froid l'hiver. L'été, c'est proprement invivable (c'est l'époque ou l'on est content de retrouver la fraîcheur climatisée des bureau en allant au boulot). Le temps varie de manière très brusque. L'avantage c'est qu'il fait le plus souvent beau dans la région (sans compter le nuage de pollution au dessus de la ville bien sûr).

Grenoble était encore il y a peu une position stratégique comme l'atteste les nombreux forts abandonnées qui protégeaient la ville (dédales de couloirs obscurs taillés dans la pierre pour l'immense fort de la Bastille, le fort du St Eynard, etc.) La présence militaire dans la région reste encore assez forte. Armées de terre et de l'air principalement.

On pourrait se pencher sur l'histoire de la ville, mais j'avoue ma profonde inculture en la matière. Mis à part bien sûr l'invention de la manif le 7 juin 1788 (si de nos jours on cherche la plage sous les pavés, à cette époque là les CRS recevaient des tuiles, ça doit faire mal aussi) avec le résultat que l'on sait. L'église et la crypte Saint Laurent (vestiges archéologiques des rites funéraires datant de l'antiquité, église carolingienne et cie) est l'un des premier monuments historiques classé. Sous la cathédrale notre-dame, on trouve les restes de l'ancien palais des évêques et d'un baptistère du début de l'ère chrétienne. On trouve aussi des marques des anciens remparts de la ville romaine, des vestiges de la bourgade gauloise de Cularo. Bien d'autres secrets sont enfouis dans les dédales des rues du centre ville. Je me souviens notamment avoir aperçu en ville une tour carrée moyenâgeuse, mais une fois en ville j'ai constaté que cette tour était à peine visible de la rue et impossible à atteindre car au milieu d'un paté de maison dense et infranchissable(étrange pour un monument historique).
Si un historien passe par ici, j'aimerais bien qu'il m'éclaire sur les rapports entre le dauphin et la ville. C'est l'emblème de la région (le "dauphiné" vient de là) et de Grenoble. C'est de là que vient aussi que vient le titre des anciens seigneurs de la région et la désignation habituelle de l'héritier du trône. Pourtant on ne peut pas dire qu'il y a beaucoup de dauphins dans l'isère, le drac ou bien les lacs de montagnes.

Je pourrais aussi évoquer les rapports qu'entretient la jeunesse avec les substances psychotropes. C'est amusant de constater lorsque l'on s'écarte un peu des sentiers battus en montagne de trouver des plans de chanvre indien pousser de manière plus ou moins domestiquée. Ou encore ces hordes d'étudiants barbus et chevelus qui trouvent que l'automne est une bonne saison pour les champignons, surtout le genre des psilocybes très courants dans Belledonne.

Enfin bon bref, je me fait long. Il est temps de conclure. Même si je n'ai jamais eu le temps de maitriser un tel scénario, Grenoble est à mon avis un bon cadre pour des aventures contemporaines. Maffieux, sombres secrets et rituels homicides, survival horror et catastrophes plus ou moins préméditées vous attendent.

jeudi, mars 06, 2008

L'écologie et la politique

La politique, c'est bien compliqué pour ma cervelle de moineau. Depuis pas mal de temps je me pose cette question de pourquoi l'écologie se trouve à gauche (peut être depuis l'époque de cette "gauche plurielle") et je n'ai toujours pas compris.
Parce que cette considération sociétale me semble indépendante du bord politique.

Et pour me la jouer dédé au bar pmu du coin, j'ai une question encore plus bête. Je me demande "C'est quoi la gauche ? C'est quoi la droite ? De toute façon y sont tous pareil, tous pourris !" (je précise, si besoin est, que la troisième partie de ma proposition est uniquement à attribuer à dédé, pas à moi)

Sans aucune ironie, je me demande quelle est la différence entre ces deux bords politiques (Accessoirement, j'aimerais qu'on m'explique aussi pour le centre parce que là, ça fume dans ma petite tête).
La différence historique je la connais, révolution française et tout le tralala, c'est bon, j'ai été au collège. Pour mémoire et pour ceux pour qui les souvenirs du collège sont lointains, les premières heures de la révolution constituèrent une assemblée de députés choisis dans les trois ordres traditionnels, la noblesse, le clergé et le tiers état. La réunion de ces députés pour faire les fameux états généraux sensés résoudre les problèmes que rencontrait le pays. L'Assemblée nationale ainsi nommée au moment des premières discussions constitutionnelles se divisait ainsi, les opposants au droit de veto royal se regroupaient à gauche de l'hémicycle, tandis que les partisans du pouvoir royal en formaient l'aile droite.
Mais revenons à nos concepts politiques. Enfoncer des lieux communs du genre conservatisme vs progressisme, libéralisme vs social, interventionnisme vs libre entreprise, collectivisme vs capitalisme, etc. Je saurais faire.

Mais ça ne répond pas vraiment à ma question. Pour moi dans toute démocratie le but visé (ou qui devrait être visé) c'est le bien de la population dans son ensemble. Qu'on soit de droite ou de gauche à mon avis, pour arriver à ce but on essaie de proposer des idées (nouvelles ou pas) et d'appliquer des recettes. Mais qu'est ce qui empêche quelqu'un de droite d'appliquer des recettes traditionnelles de gauche, comme par exemple construire des logements sociaux. Qu'est ce qui empêche quelqu'un de gauche de faire l'inverse par exemple en favorisant l'esprit d'entreprise pour créer de l'emploi.

Je précise (mais les lecteurs l'auront compris depuis longtemps) que j'ai autant de sensibilité politique qu'une tartine de confiture. Si je me définis et me présente comme plutôt orienté à gauche c'est souvent parce que ça me parle de mettre l'humain en avant dans les discours de com' et que souvent les 'gauchos' sont plus rigolos que les autres (le corollaire de ça c'est que je trouve pas mal de gens 'de droite' pas marrants voir même inquiétants dans certaines de leurs idées ou méthodes).
J'aimerais vraiment avoir une définition simple et concise de ça : La gauche c'est quoi ? La droite, c'est quoi ?

La question subsidiaire qui me turlupine aussi, c'est quoi l'intérêt de créer et/où d'adhérer à un parti politique ?
Est ce qu'un parti, ça ne serait pas une uniformisation dangereuse (nivellement par le bas) des idées ? Pour que les débats d'idée soient vraiment intéressants, ne faudrait il pas qu'ils incorporent plusieurs partis ? Quand on parle de "dirigeant", chez moi ça évoque "entreprise", voir même "patron" et c'est pas mal contraire à la possibilité de défendre une idéologie (si un parti ne sert qu'à grossir, attirer/enrôler des membres ça le fait moyen. Surtout si ça passe dans un budget de com' énorme).

Lorsque j'ai débattu en place publique de ces idées. Personne n'a vraiment su m'éclairer sur la définition des bords politiques. Et au sujet des partis, il semblerait qu'un certain Karl Schmitt c'est posé les mêmes questions il y une centaine d'années. Il l'exprimait beaucoup mieux, mais son idée c'était que par le jeu des partis politique, tout vote d'une assemblée de parlementaires n'était qu'une question mathématique. Si parti X a n membres et que parti Y à moins de membres, ce n'est même plus la peine de voter car X remportera systématiquement la majorité des voix. Mais l'histoire a prouvé heureusement que les parlementaires ne respectaient pas toujours les consignes qui leur étaient données. Et l'argument massue qui revient systématiquement pour justifier l'existence des partis c'est que l'union fait la force pour défendre les idées.

J'avoue que je reste septique...

lundi, mars 03, 2008

Spleen d'hiver, un voyage au bout de la nuit

Une fois n'est pas coutume, je vais faire une petite revue de mes dernières lectures car ce journal presque intime semble être le réceptacle idéal pour cela.

Je vais donc vous raconter l'un de mes voyages, un voyage au bout de la nuit, rarement un livre n'a autant mérité son titre. L'année 2007 était sur le point de s'achever. Nous étions perdus dans un aéroport à l'autre bout du monde à attendre un avion qui ne venait pas. Les heures s'égrenaient lentement dans l'ennui et l'inconfort. Il était minuit dans la métropole comme l'attestait la gigantesque horloge murale. Là bas, la nouvelle année avait dû commencer dans la musique et la fête. Puis minuit a continué sa route le long de l'atlantique pour arriver jusqu'à nous. L'aéroport n'était pas désert, mais toute activité l'avait déserté. Seuls les passagers du vol pour Paris hantaient encore les lieux tels les réfugiés misérables et désemparés d'une guerre civile. Puis minuit nous a dépassé pour aller se fêter dans les Amériques, tandis que nous attendions toujours, rendu ivres de fatigues par la nuit blanche et les affres du décalage horaire. Ce fût l'une des nuits les plus longues de ma vie. Quel étrange coïncidence d'avoir commencé à ce moment là la lecture du voyage au bout de la nuit de Céline.
La réputation sulfureuse de l'auteur précède l'ouvrage, mais la curiosité me poussait à découvrir ce pilier de la littérature Française. Je ne m'attarderais pas à présenter l'histoire. Il s'agit des tribulations malheureuse d'un jeune homme au début du siècle, des horreurs de la grande guerre à la découverte de l'Afrique. Du voyage en Amérique à son retour en France. Cette histoire présente des points de ressemblance troublant avec la propre histoire et les pérégrinations de l'auteur.
Enfin bref ce n'est pas vraiment l'histoire qui développe tout l'intérêt du livre. L'intérêt ce trouve dans la manière d'écrire. Céline a véritablement inventé un style d'écriture, plongé dans le réel par l'utilisation du présent. Ou le vulgaire danse avec le langage le plus fleuri, ou les images, les métaphores et les allégories sont d'une ténébreuse beauté. Pour tout cela, l'auteur mérite très largement sa place de génie dans le panthéon des écrivains.
Mais c'est un génie malfaisant et désabusé qui ressasse au travers de son "héro" sa haine pour l'humanité et le monde des hommes. Au travers de ce livre, j'ai compris d'où venait la réputation de Céline, ses penchants antisémites, son homophobie, sa misogynie ou bien son racisme. Oui, on retrouve bien cela dans son récit. Et même si ne connaissant pas l'homme je ne peux juger s'il exprime sa véritable pensée, la force et le talent qu'il applique sont troublants.
Bref je n'ai pas aimé ce livre, peut être à cause d'un mécanisme glauque d'identification qui me renvoie à la figure ma propre misanthropie. Je trouve l'ouvrage malsain et plus encore car il mérite soin titre de chef d'oeuvre. Comment un tel talent peut-il être employé pour exprimer une telle haine, cela me dépasse. J'ai mis près d'un mois à finir le livre, me forçant à continuer malgré le dégoût qu'il m'inspirait. C'est en fermant la dernière page que je me suis promis de ne plus jamais y retourner, de ne jamais le conseiller. Ô toi, visiteur perdu sur ce site, n'achètes pas ce livre ou tu risques de livrer ton âme avec pour devenir l'un des personnages du roman, un être médiocre et aigri. Certains des propos de Louis-Ferdinand Céline sonnent douloureusement justes mais à quoi bon se les approprier sous peine d'oublier que quelque part, malgré tout la vie vaux peut être le coup d'être vécue.

Le deuxième livre dont je vais parler n'est pas beaucoup plus gai. Et pour cause, il parle de la guerre. Une guerre douloureusement plus récente et toujours d'actualité. La sombre affaire qui a mené les armées de la liberté étoilée à conquérir le berceau de l'humanité à la recherche d'or noir et d'uranium enrichi. La description du fumier sanglant au dessus duquel s'épanouissent leds fleurs vénéneuses du terrorisme. En décrivant comment des brutes bardées de grenades et de menottes sont venues apprendre aux poètes à être des hommes libres l'écrivain des "Sirènes de Bagdad", Yasmina Khadra raconte l'histoire d'un jeune bédouin. L'homme simple d'un petit village confronté à l'horreur de la guerre et qui à travers sa haine se réfugie contre l'injustice. Comment il trouve une échappatoire dans l'idée de se suicider dans un attentat meurtrier. Ce livre est dur mais merveilleusement bien écrit. Les images suscitées par la prose enchantée de l'écrivain nous entraînent dans un monde ou la folie des hommes a fait sombrer le joyaux de l'orient dans le gouffre de la barbarie.
La seule chose regrettable dans cette histoire, c'est la psychologie du personnage principal. Un mouton qui se contente de suivre les évènements sans réagir. Incapable d'entendre la voix de la raison, il sombrera lui aussi corps et âme dans la folie.
Un livre à lire en tout cas pour appréhender la situation complexe d'aujourd'hui en Irak et savoir ce qui peux pousser les hommes à franchir le pas du terrorisme aveugle. Yasmina Khadra, assurément un grand écrivain.

Pour mémoire, je vais également évoquer le troisième livre que j'ai lu. L'automate de Nuremberg de Thomas Day démarre avec une fabuleuse idée. Il nous présente l'histoire de cet automate crée par l'homme et qui doué de la conscience part à la recherche de son créateur pour lui demander "suis-je une machine ?". Au travers de son uchronie, Thomas Day nous raconte les errances de ce robot de la cour impériale de Russie jusqu'à l'Afrique Francaise en passant par l'empire Napoléonien et l'Angleterre du génie industriel. Une histoire prometteuse, qui malheureusement ne tient pas ses promesses. Une belle idée bâclée et gâchée par une écriture trop simple.
Le livre est court mais on l'aurait peut être préféré plus dense. Le livre n'est pas cher, mais il vaux tout juste son prix. Dommage...

Voilà tout pour aujourd'hui. Il me reste encore à parler de l'ombre du vent, quel livre magnifique ma surprise de ce début d'année. Mais j'ai déjà bien mis trop de temps à écrire ces quelques lignes. Demain est un autre jour. Et l'oiseau reprendra c'est sûr sa plume.

lundi, janvier 21, 2008

Les accrocs du roc et un oiseau plongeur

Pendant les dernières vacances, j'ai joué au globe trotter. Ce n'est pas de mon périple qui m'a mené de Paris aux provinces d'Alsace et de Bourgogne et même à l'autre bout de la terre, direction les caraïbes françaises dont je vais parler aujourd'hui. Ni de cette idée un peu folle de célébrer la nouvelle année à plus de dix milles mètres d'altitude au dessus de l'océan atlantique. Non, je vais parler du fidèle compagnon qui m'a accompagné durant tout ces kilomètres. Car pour meubler les longues heures de train, de voiture et d'avion j'avais bien entendu emporté de la lecture. Outre la petite fille de monsieur Linh dont j'ai déjà parlé, j'avais aussi acheté un livre de l'un de mes auteurs favoris, Terry Pratchett.
Avec « Les accrocs du roc » je retrouvais les burlesques annales du disque monde. Rendez-vous compte, un véritable monde en forme de pizza supportée par quatre éléphants eux mêmes perchés sur la carapace d'une tortue céleste. Que de bons souvenir de ces livres, parmi les plus drôles que j'ai jamais connu.
Le bouquin débute sur la promesse que se fait un jeune barde dans la capitale du disque monde. Il voulait devenir le meilleur musicien de tous les temps, malheureusement le serment a été entendu par un dieux farceur et sinistre. C'est ainsi qu'il découvre une guitare magique et que débute la folle aventure de la musique de rocs. Pendant ce temps là, la mort, personnage emblématique du disque monde chargé de faire passer les vivants vers l'au delà lorsque leur temps est venu, un grand squelette dans une robe de bure, avec la faux et tout ça. La mort donc entre dans une grande dépression et se pose les grandes questions essentielles que l'on aborde généralement à l'adolescence.
Enfin bref, vu comme ça le bouquin semblait prometteur. Et effectivement l'histoire était drôle, déjantée même, avec de grinçantes allusions au grotesque de notre propre monde. Malheureusement, pas si drôle que ça. Peut être que je me suis lassé du style Pratchett que j'ai trouvé souvent décousu et facile. Peut être que l'aphorisme qui dit qu'un homme ne se baigne jamais dans le même fleuve se vérifie. Tout est que j'ai plongé dans ce livre et en suis ressortis avec cette impression mitigée, à me demander pourquoi je trouvais cela aussi drôle avant. Mais le fleuve à coulé sous les ponts depuis et l'oiseau qui a plongé dans le fleuve n'est peut être plus le même non plus.
Enfin bref je recommande ce livre, car c'est autant que je puisse en juger du "bon" Pratchett mais pour ma part, j'arrêterais peut être de lire les annales du disques monde. Tient, il faudrait que je plonge dans l'un de ces anciens livres qui m'avait fait tant rire. Que je retrouve un "Mortimer", un "Au guet"ou encore un "Les zinzins d'Olive Oued" pour vérifier si c'est moi qui ai changé.

lundi, décembre 17, 2007

Revue de lecture, la petite fille de monsieur Linh

C'est un petit livre sans prétentions que je viens d'achever. J'étais une fois de plus chez le libraire afin de compléter ma bibliothèque ma surtout rassasier mon appétit de lecture. Il faut dire que j'avais les crocs, cela faisait plus d'un semaine que je ne m'étais rien mis sous la dent. Par hasard, traînant dans les rayons de la littérature dite classique, je surpris la conversation enflammée d'une vendeuse avec ses clientes à propos d'un livre. Et voilà que l'une des lectrices, sous le coût de l'émotion, s'apprête à en acheter plusieurs exemplaire pour offrir. Ivresse consumériste de la période de Noël oblige. D'après ces dames, c'est un livre poignant. La plupart ont pleuré pendant la lecture, d'autres juste après.
Je suis souvent séduit par ce genre d'histoire triste. Ces livres qui laissent comme une fragrance persistante dans l'esprit du lecteur longtemps après que la dernière page aie été tournée. Donc je n'hésite pas une seconde, je l'achète. En plus, il s'agit d'un petit ouvrage, vite lu me dis-je.
Effectivement, il m'aura fallu moins d'une semaine pour en venir à bout. Vite lu, malheureusement vite oublié. Comme promis, le destin de tous les protagonistes est cruel. Entre le fameux monsieur Linh qui perd toute sa famille suite aux bombardements de son village et qui voyage avec la seule autre rescapée, sa petite fille âgée de quelques mois. Il arrive ainsi dans sa terre d'accueil avec la fille de son fils et une maigre valise. Monsieur Linh ne tarde pas à se trouver un ami dans sa nouvelle ville. Un compagnon de fortune à peine plus gai étant donné qu'il vient de perdre sa femme. Sa femme qui travaillait sur le manège du parc ou monsieur Linh a l'habitude de promener sa petite fille. Je ne parlerais pas du dénouement du livre qui présente quelques surprises car ce n'est pas l'intérêt principal du livre. L'histoire explore plutôt le thème de la communication non verbale et de l'amitié improbable qui se noue entre ses deux personnes déchirées par le destin.
Le livre n'est pas vraiment inintéressant, ça se laisse lire facilement, mais ce n'est pas le genre d'histoire qui me laissera un souvenir impérissable. La seule chose qui m'a intrigué, c'est de situer l'action car aucun lieu n'est explicitement mentionné. J'ai cru comprendre que le pays de monsieur Linh est le Vietnam, car l'histoire présente les atrocités perpétrées par les Français et les Américains. Le protagoniste principal trouve alors refuge en France, je suppose à Marseille. Voilà tout ce que j'ai à dire de ce livre, je n'en conseille pas la lecture. Je souhaiterais d'ailleurs exprimer mon mécontentement aux clientes de la librairie. Elles m'ont trompées sur la marchandise, ces fichues fleurs bleues. Il est grand temps que je consigne ce compte rendu afin d'en garder une trace et de pouvoir le faire disparaître sereinement dans les limbes de ma mémoire.

mardi, décembre 11, 2007

Ce cher Dexter

Le programme de ma liste des bouquins préférés a été interrompu par un évènement de première importance. Ca y est je n'ai plus rien à lire. Enfin sauf quelques BD que je peux emprunter ou bien des livres que je n'ai pas terminés. Mais si justement je ne les ai pas terminé c'est parce qu'ils ne me plaisaient pas.

Par exemple sous ma table de chevet on trouve du Brett Easton Ellis. J'avais déjà eu du mal à finir les lois de l'attraction (alors que j'avais adoré le film qui en est tiré). Mais là c'est "American Psycho" qui me pose de difficultés. Définitivement je déteste la façon de raconter de ce type. On trouve aussi "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar. Ce second livre est probablement un monument de la littérature. Mais il est tellement difficile d'accès que je ne le lis que par petites doses. Donc je passe à côté de la portée philosophique de l'œuvre.

Enfin bref, j'ai fini mon dernier livre. Il s'agit d'un roman, "Ce cher Dexter" de Jeff Lindsay. C'est un polar que j'ai découvert par hasard car je ne fréquente guère les rayons polars des libraires. J'ai été amené à découvrir ce livre par la série télévisée qui en est tirée. Je n'ai pas réussi à me procurer ladite série qui est parait-il un bijou donc je me suis rabattu sur le livre. Et j'ai été passablement déçu.

Pourtant le thème était prometteur et le début fracassant. Sans révéler le nœud de l'intrigue, je peut dire que le personnage principal est un jeune homme prénommée Dexter. Or ce jeune homme a des petits problèmes dans sa tête qui ont fait de lui un tueur en série. Oui mais il ne tue que des "sales types" qui méritaient de mourir de toute façon. Ce cher Dexter travaille dans la police scientifique en tant que spécialiste du sang. Quelle couverture merveilleuse, il peut ainsi mettre en œuvre ses connaissances personnelles et grâce aux archives de la police il peut plus facilement identifier ses cibles. L'histoire du livre est celle de sa confrontation avec un autre tueur en série qui joue avec Dexter.

Quel thème fabuleux et inventif. D'autant plus que le roman s'ouvre sur un meurtre commis par Dexter. Quel dommage que le roman aie été gâché. En effet, on nous présente le héro comme un génie insensible aux émotions. Or la plupart du temps il n'est pas très malin et ne voit pas ce qui se trouve au bout de son nez. A sa décharge, les autres personnages sont encore plus bêtes que lui. De plus pour quelqu'un soit disant insensible aux émotions, il en manifeste énormément tout au long du livre. L'intrigue est assez simpliste. Les relations humaines sont caricaturales. Et si l'auteur a un message à faire passer, c'est qu'il n'aime pas la façon de conduire des habitants de Miami.

En résumé, ça se laisse lire mais c'est une déception. Vite lu, vite oublié. Je ne recommande pas. Je vais continuer à essayer de trouver la série qui en est tirée.

Un oiseau de papier ou la petite sélection de mes livres préférés (partie 1)

Me voila lancé dans la lecture, alors j'y reviens pour ce nouveau billet. Je l'ai déjà dit, j'adore lire. Mais en fin de semaine dernière, le constat est tombé, douloureux et sans appel. Tandis que je prenais mon dernier livre sur ma pile de lecture, j'ai compris que c'était justement le dernier.

Ce qui implique que dans les prochains jours, ou même probablement dès ce soir, je n'aurais plus rien à lire. Quel sera donc mon nouveau compagnon pour toutes ces heures que je passe dans le train ? Affreux n'est ce pas, j'ai comme l'impression de perdre un être cher. J'ai peur de me sentir bien seul pendant les jours à venir.

Outre le problème matériel et logistique de pouvoir me rendre et m'approvisionner dans une librairie bien fournie. Ce qui n'est pas évident lorsque l'on vit en dehors des grandes agglomérations, que l'on se délace en train, et justement que les trains partent trop tôt le matin et reviennent trop tard le soir. Donc outre ce problème bien réel mais pas insurmontable, j'ai l'autre souci de savoir quoi lire, parce que je suis un peu à sec d'inspiration.

Bien entendu, en face des rayonnages, je finirais par être attiré par un titre, un auteur ou une couverture. Mais j'aime énormément me faire conseiller des livres. De temps à autres, sur les conseils d'un ami, je suis tombé sur une perle.

J'avais donc l'idée de laisser, sur les différents forums que je fréquente un petit classement des livres que je préfère. Dans l'espoir que d'autres joueraient le jeu et que je découvrirais de nouveau titres, de nouveaux auteurs pour me faire rêver.

Je voulais faire un top 10 de mes lectures mais j'ai une mémoire assez volatile (voui, je suis un drôle d'oiseau) et je sais qu'un tel classement ne serait que temporaire. A mesure que je lis je découvre de nouvelles choses et j'oublie temporairement le souvenir passionné de certaines lectures. Puis des choses me reviennent en mémoire comme ça. Et ainsi de suite, pour résumer le tout c'est un joyeux bordel dans ma tête.

Voici donc une dizaine de livres (ou de suites) qui m'ont particulièrement marqué. Cette liste n'est pas définitive, du moins je l'espère car il me reste tant de merveilles à découvrir. Cette liste n'est pas non plus fixe car elle représente mes souvenirs dans l'instant précis ou je l'écrit (j'oublie certainement de véritables perles en la rédigeait). Mais je me suis dit qu'il serait amusant de retrouver cette liste quelques années plus tard.

Celui qui trône en tête depuis quelques années dans mon classement c'est "Neverwhere". Avec cet ouvrage j'ai découvert mon auteur préféré. J'aime ses livres, j'aime sa série de bd, j'adore ses univers et sa manière de conter. Neverwhere m'a marqué de manière indélébile. C'est l'histoire d'un employé de bureau, terne et banal dans le Londres actuel. Sa vie et le récit vont basculer brutalement dans le fantastique et le merveilleux. Notre héro va se retrouvé projeté dans le Londres "d'en bas" monde mythique qui subsiste en marge de notre réalité contemporaine. On y découvre que les noms des quartiers de Londres ont une histoire et que cette histoire perdure encore aujourd'hui. On y trouve une société féodale, dangereuse et féérique.

Ce livre m'a fait rêver et me fait encore rêver aujourd'hui. J'ai beau le lire et le relire, il garde intact son effet. Ce livre est également responsable de mes ambitions d'écrivant (voir à ce sujet par exemple mon billet sur Stardust).

Plus classiquement ensuite j'évoquerais aussi "1984" de George Orwell. Au début de l'adolescence j'avais aimé ce livre comme un roman de science fiction, un peu vieilli mais toujours agréable. Je l'ai relu en étant adulte et ce fût le coup de foudre. L'ouvrage avait perdu d'un coup toutes ses rides pour s'imposer à ma conscience comme d'une actualité déprimante. Ce livre écrit au lendemain de la guerre, en 1948 présente un monde totalitaire et manipulateur. Dans ce livre on suit l'histoire d'un jeune homme qui pour se rebeller contre l'autorité et un big brother omniprésent décide de tenir un journal intime. On y découvre son travail sur la révision de l'histoire en travaillant l'information. Les évènements passés et présents se confondent, il suffit que les gens soient persuadés qu'une chose pour qu'elle soit considérée comme réelle. La lecture est réellement fascinante, on peut dire que ce livre est l'un des fondements de ma maigre sensibilité politique. Du même auteur, la ferme des animaux est également un monument à lire.

Toujours dans les grands classiques, "Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde. Quel livre magnifique, je l'ai abordé pour lire un classique écrit il y a plus d'un siècle. C'est-à-dire avec appréhension. Et le résultat est que se livre m'a ensorcelé. Plus particulièrement la première partie concernant la description de la société victorienne et de ses comportements hédonistes. J'ai adoré la première partie et le personnage de Lord Henry Wotton, personnage dandy avec sa perception si cynique et savoureuse de la morale. Chacune des phrases de cette première partie (plus particulièrement les déclarations de Lord Henry) sont pleines d'esprit et percutantes. La deuxième partie centrée sur Dorian Gray, est moins réjouissante mais se lit comme une bonne histoire fantastique. L'histoire présente Dorian Gray, très beau jeune homme. Il échangera sa jeunesse avec un tableau qui le représente. Tandis que Dorian gardera son apparence pure et jeune, c'est le tableau qui représentera sa vieillesse, sa corruption et finalement sa déchéance.

J'aurais encore bien des livres et bien des auteurs fantastiques à présenter (comment ça je n'ai pas dit tout le bien que je pensais de Terry Pratchett ou de George R.R. Martin, l'adoration que je porte à Shakespeare et tant d'autres). Mais comme ma plume s'est tarie pour l'instant et que je me fais long. Je vais m'arrêter là.

I'll be back comme dirait l'autre.

mardi, décembre 04, 2007

Les livres de Stephen King

Il est des choses que l'on oublie. Que l'on veut oublier ou dont on a même honte. Tout est que l'autre jour j'ai acheté le petit livre nommé "Ecriture" de Stephen King.

Je l'ai bien entendu acheté avec le fol espoir que dans ce livre se trouvait la recette magique pour devenir un écrivain riche et célèbre. De ça déjà je ne suis pas fier. Lire un tel ouvrage signifierait que je n'ai pas confiance dans mon talent et que j'ai besoin d'une béquille psychologique. Un maitre du genre qui me dirait. Vas y petit, tu peux le faire.

Mais bon je vis très bien avec et je n'éprouve pas vraiment besoin d'en parler. Pour changer un peu la donne cette fois ci je vais arrêter deux secondes de parler d'écriture. A la lueur de mes derniers articles vous aurez deviné que cette idée m'obsède ces derniers temps.

Non, aujourd'hui je vais parler de la lecture. Oui j'avoue un peu de honte de lire du Stephen King. Les raisons sont multiples. L'auteur déjà est populaire, ce n'est pas forcément bon signe. L'auteur manie un genre assez vulgaire et racoleur. Imaginez donc ça, un jeune homme de trente ans qui se prétend cultivé qui lirait des romans de gare fait pour les adolescents boutonneux. L'horreur et la science fiction, franchement je devrais avoir passé l'âge. Et c'est pourquoi depuis près de dix ans je m'obstine à reléguer mes souvenirs de l'auteur dans les tréfonds de ma mémoire. Parce que dans ma jeunesse, j'en ai lu du Stephen King, beaucoup. C'était même mes premiers livres "pour adultes". Quel paradoxe, l'adolescent attiré par un auteur pour grands et l'adulte horrifié par des lectures de gamin.

J'ai longtemps regardé mes camarades qui n'avaient "pas dépassé ce stade" d'un air condescendant et snobinard.

Jusqu'à ces jours-ci. Que je reprends la lecture de l'auteur dans un thème qui correspond plus à mes aspirations actuelles. Et je me suis rendu compte d'une chose, c'est qu'outre le thème de 'horreur contemporaine, racoleur par nature. Et bien Stephen King c'est aussi un écrivain. Un vrai, avec un grand E. Il s'exprime de manière simple et directe. Il raconte sa vie dans la première partie et c'est fascinant. Il se transforme en pédagogue du langage dans la seconde et c'est divin.

Un auteur n'est pas quelqu'un qui étale du vocabulaire et un style majestueux. Un auteur c'est quelqu'un qui sait trouver et agencer les mots pour faire passer une idée. Et pour cela Stephen King tient du génie. Je suis persuadé que je pourrais ouvrir un de ses livres d'horreur et encore aujourd'hui ne pas décrocher jusqu'à la dernière page.

En plus ses propos résonnent en moi d'une certaine manière. J'ai l'impression que ce qu'il dit à propos de l'écriture j'y avais déjà pensé. Ou bien j'essayais déjà de mettre en pratique sans m'en rendre compte

Enfin bref. Si vous aimez le personnage, lisez ce livre. Si vous voulez écrire, lisez ce livre. Et moi-même je vais retourner prendre mon train pour continuer à lire ce livre.

lundi, décembre 03, 2007

La critique est facile...

… Mais l'art est difficile comme le dit si bien l'adage. Je suis un lecteur assidu et de plus en plus exigeant sur la qualité. J'ai l'orgueil d'estimer avoir ce que l'on appelle de l'imagination et un goût pour l'écriture. Force m'est de constater que tout cela ne fait pas de moi un écrivain.

L'écriture n'est pas donnée, pas à moi. Peut être à personne. Je suis convaincu depuis des années que je peux écrire. Mais j'attends le souffle divin qui me dictera des histoires. Pas la moindre brise à l'horizon depuis près de 30 ans. Et même si de temps à autres le rêve me prends et ma plume semble dotée d'une vie propre, ces moments ne durent pas et se font rares.

J'en suis arrivé depuis un certain temps à la conclusion que l'écriture requiert peut être du talent. Je n'ai pas vraiment le recul pour considérer en être pourvu. Mais écrire requiert aussi du travail. C'était l'une de mes motivations pour ouvrir ce petit blog. Me forcer à écrire. Si je veux souffler sur ces braises et attiser la flamme qui sommeille en moi, il faut bien que je me remue.

Ecrire, c'est un peu comme faire de la magie et d'une certaine manière c'est de la magie. Le pouvoir s'écoule du bout de mes doigts et prend vie. Ne dit t'on pas qu'au début fût le verbe. Et quiconque manipule le verbe joue avec la création. Même si je ne lance pas de boules de feu en marmonnant quelques incantations, je peux donner ce pouvoir à mes personnages. On dit que dieu à mis 7 jours pour créer le monde. C'est un petit joueur car il me suffit de quelques instants pour inventer un univers.

Enfin bref, je considère maintenant que je ne deviendrais pas écrivain en le souhaitant. Il faut que je force ma chance, que je termine mes histoires. A la manière dont j'ai abordé les sports de montagnes et notamment l'alpinisme en m'imposant de courir un jour sur deux pour développer mon endurance. Il faut que je me force à écrire quelques heures par semaine au moins pour échauffer mon esprit. Ne pas forcément me focaliser sur mes nouvelles, mais au moins développer un terrain d'entrainement pour ma créativité.

Allez hop, on s'y remet. Une petite demi-heure par jour pour commencer. Simplement des articles sur mon blog ou bien des pages d'histoires mais l'important c'est d'y croire.

vendredi, novembre 02, 2007

Le rêve et la flamme

Quel cliché que de parler de la "magie du cinéma". Et pourtant je ne trouve pas d'autres mots pour décrire l'émotion qui m'a saisie avant-hier soir en sortant de la salle obscure. Ce n'est pas forcément un hasard, j'y étais allé pour voir la transposition de l'une des œuvres de mon écrivain favori.

Je passerais sur le jeu des acteurs que j'ai trouvé parfois maladroit, sur certains raccourcis de réalisation qui m'ont laissés dubitatif ou bien sur la romance très fleur bleue qui constitue le cœur de l'histoire. Je passe sur ces défauts, car ce film m'a transporté dans un monde merveilleux.

Ceux qui pensent que ma chronique sera consacrée au film "Stardust" adapté du roman éponyme de Neil Gaiman se trompent car ce n'est pas mon propos.

Non mon propos concerne, une fois n'est pas coutume l'écriture. J'ai réalisé avec ce film que je me fourvoyais avec mon boulot. Je ne veux pas que mon destin se résume à la médiocre vie d'un informaticien frustré. Ce que je souhaite dans la vie c'est pouvoir raconter des histoires et faire rêver les gens de la même manière que mes lectures, mes fréquentations des salles obscures ou mes parties de jeux de rôle me font rêver.

J'ai retrouvé avec un pincement au cœur la discussion que j'avais eu avec quelqu'un suite à mes élucubrations sur un coffre plein de vieux jouets cassés ou je parlais de mon intérêt pour l'écriture.

En substance mon interlocuteur me disait que l'envie impérieuse d'écrire est comme un brasier qui te brûle par l'intérieur. Quelque chose qui t'empêche de faire ou de voir autre chose tant que le besoin n'est pas assouvi.

A l'époque j'avais répondu quelque chose du genre :

Tu as raison quand tu dis que je n'ai pas le feu sacré qui me ferait quitter ma copine, arrêter de manger, démissionner pour écrire. Effectivement, c'est le genre d'ambitions que je maintenais durant ma vie étudiante. Et puis un beau jour je me suis fait rattraper par la morne mélancolie de la vie active.

C'est certainement par lâcheté ou par paresse que je ne le fait pas. Par contre les années qui passent me confirment que mon attirance pour l'écriture n'est pas passagère. Et c'est là que j'ai un problème car je suis véritablement déchiré entre mes envies d'écritures et des contraintes difficilement compressibles (à moins de tout plaquer cf. plus tôt mais je n'ai pas vraiment la volonté ou même l'envie pour le faire).

Mon autre certitude est la suivante, c'est que quand l'inspiration me vient, là oui je lâche tout pour écrire. Mais malheureusement, la vraie vie finit immanquablement par toquer à la porte

Et bien si je n'ai pas le feu sacré, ma dernière séance de ciné m'a prouvé que le feu n'était pas mort. Que sous la cendre déposée par les jours loin de mes rêves cache des braises. Qu'il suffit de souffler sur ces braises pour que le feu reprenne.

Me voilà donc avec un nouveau projet d'écriture en gestation. Heureux et déterminé à vivre mes rêves d'écriture plutôt qu'à rêver ma vie...

lundi, octobre 29, 2007

Un oiseau qui bosse . . .

. . . de temps en temps.

Et oui !!! Ce qui me retient entre autres de passer plus de temps à raconter ma vie sur le net, c'est le boulot. Je vais en parler un peu aujourd'hui. Mais pas beaucoup car cela n'intéresse personne, et certainement pas moi.

Je fais donc ce que l'on pourrait appeler de la recherche et à mon grand malheur, je ne trouve pas grand-chose, mis à part peut être quelques lignes agréables qui soldent mon relevé de compte en positif tous les mois.

Ma thématique de recherche n'éveille plus beaucoup d'intérêts chez moi. Peut-être parce que j'en ai tiré la moelle en écrivant ma thèse. Peut être parce que je ne crois pas à une quelconque application de mes travaux dans un futur proche. Pour résumer mon travail m'ennuie souvent.


Mais parfois j'y trouve un certain plaisir. Tout particulièrement lorsqu'il s'agit de communiquer ou d'écrire. Car s'il est un des rares épanouissements que je trouve dans la recherche, c'est la vulgarisation. Faire avancer la Science avec un grand ou petit 's' est une chose, mais il est tout autant important de pouvoir expliquer ce que l'on a fait. Car toute connaissance non transmise est perdue.

Enfin bref, il y a quelques jours j'ai dû écrire l'introduction d'un article qui visait à expliciter les travaux entrepris par le projet de recherche auquel je collabore. En l'occurrence, je me suis attaché à présenter en quelques mots le concept d'intelligence ambiante. Vaste programme.

Comme je ne suis pas mécontent de mon petit texte, et que celui-ci est voué à disparaître ou être défiguré par une horde de relecteurs le voici, presque pas modifié.

Une encombrante boite beige, un morne écran noir et un enchevêtrement de câbles qui trônent de manière arrogante au beau milieu du salon, voilà l'ordinateur personnel. Et l'on ne peut que se réjouir de sa prochaine disparition.

L'ère du PC a constitué dans les années 80 une véritable révolution par rapport aux premiers ordinateurs centraux partagés par de multiples utilisateurs. Mais avec la diffusion des réseaux à large bande en général et d'Internet en particulier un autre bouleversement s'est enclenché. Le terminal couteau suisse de l'information disparaissait derrière les services offert par le réseau. Il n'est pas rare aujourd'hui d'observer des utilisateurs pour lesquels l'ordinateur n'est utilisé que comme une passerelle obligatoire vers Internet, le web et la messagerie.

Une quatrième vague, celle des objets communicants est aujourd'hui en train de déferler sur le monde de l'information. Il est probable qu'elle changera à jamais notre rapport avec la technologie. Tous ces châteaux de sable, représentés aujourd'hui par une multiplicité de terminaux hétérogènes devront se fondre dans un rivage harmonieux entre la terre des hommes et l'océan numérique.

A côté des traditionnels ordinateurs de bureau plus ou moins portables, on trouve aujourd'hui le téléphone cellulaire, des boîtes pour accéder au réseau, des téléviseurs multimédia, des dispositifs home cinéma qui s'inscrivent sur le réseau domestique. Même les appareils photos, les baladeurs, les voitures, ou de simples montres présentent des capacités de traitement de l'information et de communication qui feraient pâlir nos pc d'hier.

Malheureusement tous ces dispositifs sont bien trop souvent cloisonnés dans leur usage, rendant l'utilisateur prisonnier d'un véritable labyrinthe technologique. Mon employeur, en tant qu'opérateur de services à un véritable rôle à jouer dans ce dédale.

La thématique ambitieuse de notre projet est donc de chercher à tirer parti de la diversité des dispositifs dans l'environnement pour élargir la bande d'interaction entre l'utilisateur et les services. Pouvoir communiquer partout et tout le temps d'une part, mais aussi pouvoir adapter la communication en fonction de la situation ou du contexte dans lequel se trouve l'utilisateur. C'est véritablement l'espace qui est destiné à devenir intelligent pour offrir aux utilisateurs une interface unifiée vers une nouvelle expérience des télécommunications.

jeudi, octobre 04, 2007

Un oiseau roi du monde

Ici et maintenant, mes sens en éveil. Le bruit régulier des vagues qui se brisent contre le rivage, l'odeur de la marée qui se retire et la senteur des pins des landes, le goût du sel océanique rapporté par la brise sur mes lèvres, la nuée multicolore des ailes au dessus du sable. Mais surtout la caresse rafraîchissante du vent, ce doux compagnon qui se faufile entre mes orteils et remonte pour me chatouiller le torse. Tandis que j'entame un nouveau virage pour survoler la forêt de pin, je savoure l'instant. Ce moment rare et précieux de pur bonheur.


J'étais arrivé la veille dans l'un des grands campings adossé à la dune du Pyla. L'incurable romantique avait alors pris le dessus sur le volant passionné. A la perspective réjouissante d'un premier vol face au soleil couchant j'avais finalement renoncé. A la place, la main dans la main de ma belle nous nous régalions du spectacle de l'astre rougeoyant s'abîmant dans les flots. Je dois cependant confesser une certaine frustration renforcée par le spectacle des quelques voiles encore à jouer dans ce magnifique crépuscule. Pincée de frustration que je consolais comme je pouvais avec l'idée que je gagnais des points pour le lendemain.

Ce fameux lendemain a finit par venir, mais il a pris son temps le bougre. Première chose à faire au saut du lit, un petit footing matinal. Pour conserver la forme ? Bien sûr que non, plutôt pour aller évaluer les conditions sur la dune. Le ciel est bleu, le soleil brille, mais cette satanée brise persiste à souffler de la terre. Tant pis pour la session du matin, remplacée par la détestable corvée des courses.

Hop, hop, donc il s'agit de faire les courses. Pfiouu, il est loin et introuvable ce fichu supermarché. Samedi matin, je découvre avec joie que je ne suis pas le seul à avoir l'idée et nous sommes nombreux à nous agglutiner aux caisses. Au retour, la signalisation nous joue des tours (m'est avis qu'ils ont mis des panneaux juste pour faire des blagues aux touristes) et ça retarde considérablement notre arrivée au camping.
C'est bon, c'est bon, maintenant on part voler ?
Arf non, il faut aussi faire à manger. Pfff, mais j'ai pas faim moi, j'ai plutôt hâte de manger du sable.

Il est déjà 14h lorsque nous arrivons enfin sur la dune, mais la récompense est là. Le soleil brille toujours dans le ciel bleu azur, mais la brise vient maintenant de la mer (avec une petite tendance nord, mais rien de dramatique). Le vent est soutenu mais régulier et laminaire, dans les 25km/h. C'est impeccable pour commencer à s’amuser. D'ailleurs des dizaines de voiles sont étalées à faire bronzette sur le sable, à danser dans le vent, à jouer quelques dizaines de mètres au dessus du sol. Ça se confirme, l'eldorado des parapentistes est bien là.


Le temps de déballer et de démêler tout le bazar, me voilà enfin prêt. Mes baskets me gênent pour évoluer dans le sable, je les abandonne bien vite pour me retrouver pieds nus. Un régal dans ce sable fin, doux et tiède.
Un premier prégonflage, la voile est impeccable. Allez-hop, il est maintenant temps de la monter au dessus de la tête. Mais cette coquine s'est mise à bouder, elle ne veut pas monter. Contrariante, il me faut faire un effort assez physique pour la lever, mais passé le premier tiers de sa course elle s'arrête net, comme bloquée par une main invisible. Je suis donc obligé de trottiner derrière elle, car c'est qu'elle me tire la bougresse. Enfin invariablement, après m'avoir fait courir elle se penche d'un côté (ou de l'autre, ça dépendait de son humeur apparemment), et je n'arrivais pas malgré tous mes efforts (des sprints digne d’un ben jonhson bien chargé) à me recentrer.
Au bout d'une heure de lutte acharnée remplie de séances de kite-surf improvisées (que les esprits chagrins pourrait qualifier de tractage à plat dans le sable) me voilà arrivé de l'autre côté de la dune, au début de la forêt. Alors que je commence à prendre ma voile en bouchon je réalise enfin que je suis un imbécile de la plus belle espèce (on pourrait même dire que je suis un crétin des alpes). Ma brave petite mojo aussi voulait aussi goûter ce sable fin, doux et tiède. Elle en a même fait une indigestion. Du coup, ma voile en bouchon doit bien peser ses vingt kilos, tu m'étonnes que ça monte pas (ça doit donc faire ça d'avoir une apco). J'avais bien remarqué ces petites poches sombres sur le bord de fuite, mais j'étais loin de m'imaginer que c'était aussi lourd.

Premier commandement du Pyla. Le sable c'est bien, mais c'est lourd. Quand la voile à refuser de monter s'obstinera, tes caissons tu videras.

Quelle galère !!! Sitôt une première moitié de l'aile débarrassée du sable, voilà que le coquin s'est faufilé en douce dans l'autre moitié. Et avec tout ce vent, ça n'aide pas.

Le vent justement qui s’est décidé à donner de la voix, maintenant il n’est plus soutenu mais carrément fort. Je sors alors mon petit anémomètre qui confirme mes craintes, en m’indiquant 30km/h régulier avec des petites pointes à 34km/h. Le calcul est vite fait, étant donné que ma voile avance dans les 35 km/h, c’est trop fort pour moi. J’abandonne alors le désensablage de ma voile et je me pose tranquillement pour profiter du soleil et observer. Les autres voiles ne sont apparemment pas trop perturbées par la force de la brise. Poussé un peu par ma douce, elle aussi contrariée de me voir me morfondre sur le sable, je me mets enfin réfléchir. Au bout d’une heure la situation n’a pas empiré et la brise ne forcit visiblement plus. Normalement en face de moi je vois la met et l’écume des vagues devrait m’avertir à temps que la situation devient scabreuse. Enfin, je suis au dessus du ptv et bien chargée la mojo devrait bien avancer. Et le vent est si régulier que je ne devrais pas avoir de mauvaises surprises.

Allez hop, c’est reparti. Il est temps de se dépasser un peu. Je termine de vider ma voile, et je m’accroche. J’oublie mes appréhensions pour me concentrer au maximum. Normalement, je peux le faire. « Juste-fait-le » comme diraient les petits chinois occupés à s’esquinter les yeux à coudre des chaussures de sport pour des occidentaux qui résument le sport à une binouze avachis devant le spectacle abrutissant d’une dizaine de starlettes occupés à jouer à la baballe. Enfin bref, je m’égare. C’est parti pour une nouvelle tentative.

Je lève doucement les avants en faisant bien attention de ne pas les tirer, j’avance de quelques pas et la magie opère alors que je réceptionne aux freins la brave petite mojo au dessus de ma tête. Finalement ce n’est pas si difficile de gonfler par vent fort. Et une fois bien calée au zenith, la belle s’est assagie, c’est un régal à contrôler dans ce vent laminaire.

Allez hop, je me retourne, quelques pas et me voilà en l’air. C’est magique. Visiblement ça tient sur la gauche, mais je n’ose pas y aller. Il y a trop de monde à mon goût et la proximité de la forêt m’impressionne un peu, surtout avec la force du vent. Je joue donc au devant d’une petite butte ou le dynamique n’est pas suffisamment fort pour me permettre de rester en l’air bien longtemps. Un bon petit vol de cinq minutes quand même, avec un atterrissage tout en douceur sur le sable tiède. Hop, je suis posé mais ce n’est pas fini, ma brave petite mojo se régale en l’air. Je la laisse donc au dessus de la tête, et j’en profite pour la faire travailler un peu. C’est beaucoup moins fatiguant de faire du dénivelé avec une voile qui me prend à moitié en charge. En moins d’une dizaine de minutes, j’avale les 100 mètres qui me séparent du sommet et j’essaie de décoller. Là, ça se révèle moins concluant, déjà je peine à avancer dans le vent, d’autre part, l’ascendance n’est visiblement pas assez forte pour compenser la pente. Ma redescente de la dune se limite donc à une succession de sauts de puces. Mais quel bonheur de décoller, d’avancer de quelques mètres puis de reposer en douceur pour rechercher à pieds la nouvelle petite rupture de pente sans que jamais la voile ne touche le sol.


Deuxième commandement du Pyla. Les pentes douces c'est bien, mais pas forcément pour s'envoler. Quand à décoller tu galèreras, plus de pente tu chercheras.


Je passe donc un certain temps à jouer avec ma voile, la moitié du temps en l’air, l’autre moitié au sol à explorer les recoins sableux de la dune. Mais finalement, je reviens à mon point de départ qui présente une bonne petite pente pour prendre son envol. Même tracté par la voile, c’est fatiguant quand même. Alors de temps en temps, je couche la brave petite mojo dans le sable pour qu’elle se repose aussi.

Après quelque minutes de repos, me voilà repartis, sur du plat à avancer vers la rupture de pente. Et ben, c’est pas facile avec tout ce vent. Je m’aperçois alors qu’en position de chargement de la ventrale, je garde toujours un peu de freins, le fameux point de contact. Cette petite pression suffit à me ralentir la voile pour que je n’arrive pas à avancer. A la dune quand le vent souffle, il y a vraiment intérêt à remonter les mains aux poulies. Ce qui n’est pas évident du tout (déjà morphologiquement, je trouve la position assez inconfortable, ensuite mains aux poulies on sent nettement moins l’aérologie). Un local en train de voir mes petits ennuis, tranquillement assis à siroter sa bière vient me proposer son aide. Que j’accepte volontiers (parce que ça crève de marcher à contre courant). Il choppe alors ma ventrale et m’entraine vers la cassure. Il fait à peine quelques pas que me voilà en l’air. Au moment où il me lâche, je peux enfin m’asseoir dans ma sellette et remonter les mains pour avancer un peu. Ce petit vol se terminera tout en bas de la dune sur la plage, à quelques mètres de la mer.


Deuxième commandement du Pyla. Le vent c’est bien, mais point trop n’en faut. Lorsque à avancer tu peineras, de relever les mains tu te rappelleras.


Enfin bon ce petit jeu continue pendant des heures, jusqu’à ce qu’épuisé mais ravi (et passablement en sueur) je me pose enfin aux côté de ma douce (nan j’parle pas de ma mojo, mais du fninh, et faut pas que je confonde parce qu’elles sont sacrément jalouses l’une de l’autre).

Mais le fninh se lasse de faire bronzette dans le sable et se propose de faire un tour jusqu’à la plage. Moi je suis claqué, je décline pour dire que je fais un dernier essai et basta. Je repasse donc un certain temps à vider ma voile. Je suis jaloux devant tous les pros qui d’un geste élégant font descendre leur voile sur le bords d’attaque, tirent les freins pour évacuer le sable et puis enfin la remette en l’air.

Mes essais sont pitoyables, faire tomber l’aile sur le bord d’attaque je maitrise. J’ai bien appris (quoique involontairement) à faire lors des mes débuts de gonflage face (j’avais un peu oublié, mais ça reviens vite). Vider le sable en tirant les commandes ça va aussi. Par contre c’est au moment de retourner la voile en l’air que ça se gâte. Pour ma part, je persiste à poser une demi-aile par terre qui dans le mouvement écope d’une bonne quantité de sable. J’abandonne donc en reprenant la pénible manœuvre manuelle.

Allez hop, c’est mieux, donc je me réinstalle pour un dernier petit vol. Fait trop chaud, je suis donc torse nu et voilà que je lève la petite mojo. En l’air elle est impeccable, j’avance donc de quelques pas pour rejoindre la petite butte, je me retourne juste avant la rupture de pente, je charge la ventrale et me voilà en l’air. Sans efforts. Bon c’est pas tout, mais avec l’assurance je part vers la gauche, en direction de la petite forêt de pins. D’autant plus impressionnante que les premières rangées d’arbres ont littéralement été décapitées. Mais je persiste à longer l’étroite bande de sable entre la mer et ce champ de pieux destiné à écarteler le parapentiste imprudent. Finalement l’audace ça paye et maintenant je commence à monter. Petit à petit je grappille mètres après mètres au beau milieu des autres voiles. Pour me retrouver confortablement au dessus de la meute, une centaine de mètres au dessus de la forêt. Je suis le roi du monde, ici et maintenant.


Dernier commandement du Pyla. Le sable c’est bon mangez-en. A la dune, tu retourneras.